Le Sénat se prononçait la semaine dernière sur le projet de loi Pacte (croissance et transformation des entreprises). Cette réforme fourre-tout contient 74 articles allant de multiples privatisations d’entreprises publiques pourtant en très bonne santé économique, jusqu’à une attaque en règle contre le droit du travail, avec la modification des « seuils sociaux » ouvrant le droit à la représentation des salariés.

Si les privatisations d’Aéroports de Paris (ADP) et de la Française des Jeux (FDJ) contenues dans le projet de loi sont passées comme une lettre à la poste à l’Assemblée Nationale, cela n’a heureusement pas été le cas au Sénat. Les sénateurs se sont massivement opposés à l’abandon de ces biens communs au profit d’une rente privée assurée, y compris jusque dans les rangs de la droite sénatoriale. Outre le fait qu’il se porte très bien, le groupe ADP demeure un outil stratégique d’aménagement du territoire. Le privatiser reviendrait à renoncer à la maîtrise de l’un des principaux points d’entrée du pays. Pour autant la droite sénatoriale n’a pas poussé l’idée jusqu’à la défense du capital public d’Engie, votant ainsi pour sa réduction sans retenir les leçons désastreuses de la privatisation des péages d’autoroute.

Cédant à une poignée d’industriels, le Sénat s’est également prononcé, en faveur d’un amendement des Républicains repoussant l’interdiction des objets en plastiques à usage unique, revenant de manière incompréhensible sur son vote de la loi Egalim d’octobre dernier. La disposition soutenue par le Gouvernement renvoie à 2020 l’interdiction des gobelets, verres et assiettes jetables en plastique et à 2021 l’interdiction des pailles, couverts, bâtonnets mélangeurs, emballages et bouteilles en polystyrène. Comme le dénoncent les ONG, ce recul vient entériner l’abandon de la promesse gouvernementale d’atteindre l’objectif de la fin du plastique jeté en mer d’ici 2025,  pourtant annoncé en grande pompe lors de la présentation du Plan biodiversité en juillet dernier.

Mon explication de vote contre cet amendement :

Le groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Ecologiste (CRCE) auquel j’appartiens s’est naturellement opposé à toutes les volontés de brader ces entreprises publiques, à rogner les droits des salariés et à repousser encore et toujours la transition écologique que l’urgence climatique nous impose.

Après l’échec de la Commission mixte paritaire, le texte sera à nouveau examiné à l’Assemblée, dont on espère qu’elle entendra au moins le cri d’alarme du Sénat sur l’absurdité de privatiser ADP.