Le 16 janvier, je suis intervenu au nom du groupe écologiste du Sénat pour aborder le budget 2025 de l’aide publique au développement. Plus nécessaire que jamais pour faire face aux périls climatiques, géopolitiques et sanitaires mondiaux, elle est pourtant en net recul cette année encore. Après le vote historique d’une loi ambitieuse en 2021, le gouvernement multiplie les coupes dans cet outil essentiel de notre diplomatie et s’attaque maintenant aux fonds accordés aux ONG. Pour tenir nos engagements et être à la hauteur, j’ai proposé à l’inverse d’augmenter la taxe sur les transactions financières, dont le potentiel est énorme.

Vous pouvez retrouver mon intervention en vidéo et sous format texte ci-dessous :

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mes chers collègues,

Face aux guerres, aux catastrophes climatiques et sanitaires, et à l’augmentation de la faim, la solidarité internationale n’a jamais été aussi cruciale. Des centaines de millions de personnes comptent sur les pays les plus favorisés pour accéder à une aide humanitaire vitale, qu’il s’agisse de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux ou d’un abri. Cette aide ne relève pas seulement de la générosité : elle incarne avant tout l’humanité qui doit guider nos actions.

L’aide au développement, portée par l’Agence Française de Développement et les ONG, joue un rôle clé dans la construction d’un ordre mondial plus juste. Elle constitue également un levier diplomatique essentiel pour la France. La diplomatie climatique, en soutien aux pays les plus défavorisés et les plus impactés par le chaos climatique causé par nos modes de vie, est un enjeu prioritaire.

En 2021, le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi ambitieuse qui fixe notamment les objectifs suivants : l’allocation chaque année de 0,7% du revenu national brut (RNB) à l’aide au développement, et l’encouragement des dons plutôt que les prêts. Notre groupe salue cette loi et est fier d’avoir contribué à sa construction.

Pourtant, alors que les crises s’intensifient et se multiplient à travers le monde, la France s’éloigne de ses engagements. En 2022, l’APD ne représentait que 0,56% du RNB, et le montant  ne cesse de diminuer depuis : -11% en 2023 et -13% en 2024. La trajectoire annoncée pour 2025 est toujours à la baisse, en particulier pour le programme 209 relatif à la solidarité à l’égard des pays en développement, qui serait amputé d’un tiers, soit un milliard d’euros.

Le Premier ministre nous promet un retour à la trajectoire vers les 0,7% l’année prochaine, mais le gouvernement maintient son amendement pour 641 millions de coupes supplémentaires ! Franchement, 60 ans après que la France ait pris cet engagement devant l’Assemblée Générale de l’ONU, qui peut encore y croire ? Cette politique de réduction du budget de l’aide publique au développement ternit la réputation de la France sur la scène internationale et projette une image d’indifférence et de repli sur soi.

Par ailleurs, la création du nouveau programme 384 pour un « Fonds de solidarité pour le développement » suscite de vives inquiétudes parmi les ONG. Pour récupérer l’ensemble des recettes des taxes sur les billets d’avions et les transactions financières, jusqu’à présent affectées aux ONG, le gouvernement créé ce fonds, sans doute lui aussi promis à de sévères coupes dans les prochaines années. 

Il existe pourtant une autre possibilité : renforcer fortement la TTF, élargir son assiette, augmenter son taux et reprendre le contrôle sur son recouvrement scandaleusement délégué à une société privée. Le Premier ministre a indiqué un très faible relèvement de la TTF à 0,4%, c’est un premier pas, mais il nous faut aller plus loin : ces évolutions apporteraient des milliards profondément utiles à la solidarité internationale.

Contrairement à ceux qui remettent en question la pertinence de l’aide publique au développement, il faut rappeler que la solidarité internationale ne se limite pas à améliorer la vie de millions de personnes. Elle permet également de prévenir les conséquences des crises humanitaires, dont l’impact se fait directement sentir en France et en Europe, notamment par l’exode massif de populations qui fuient leur pays.

C’est le rôle de l’aide publique au développement, et de la France en particulier avec son passé colonial, de bâtir un monde plus juste, écologique et solidaire. Nous avons déposé plusieurs amendements pour que notre pays soit enfin à la hauteur des défis mondiaux et fidèle à ses valeurs universelles. Nous vous enjoignons à les voter et à appliquer enfin la loi de 2021. A l’heure où la France perd pied sur la scène internationale, nous devons plus que jamais garder nos ambitions pour l’aide publique au développement.