Le 10 septembre 2021, à l’occasion d’un déplacement de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les migrations et les conditions de vie des migrants en France, je me suis rendu à Briançon (Hautes-Alpes). J’ai remis au Président de la Commission, le député Sébastien Nadot, la synthèse des maraudes solidaires réalisées à Montgenèvre (Hautes-Alpes) par les élu.e.s écologistes et solidaires durant l’hiver dernier. Ce déplacement a aussi été l’occasion d’échanger avec les associations qui viennent en aide aux personnes exilées, tels que Médecins du Monde, Tous Migrants ou l’Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers (ANAFÉ) et de visiter le nouveau refuge des Terrasses Solidaires.
Pour rappel, ces maraudes ont été organisées afin de porter assistance sur le territoire français aux personnes exilées en détresse, mais aussi d’observer directement, sur le terrain, la façon dont la police aux frontières (PAF) agit en direction des personnes exilées et des maraudeur.se.s. Chaque parlementaire a ainsi rempli une attestation sur l’honneur des faits constatés.
Cette action fait suite au partenariat en place depuis plusieurs années avec les associations de défense des droits des personnes exilées et l’ANVITA (Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants) et à une situation de plus en plus tendue à la frontière franco-italienne depuis l’annonce par le Président de la République, le 5 novembre 2020, d’un doublement des effectifs affectés au contrôle des frontières. Si cette militarisation de la frontière n’a aucunement permis de limiter les flux migratoires, elle a en revanche conduit les exilé.e.s à emprunter des chemins toujours plus dangereux, d’où plusieurs accidents tragiques, parfois jusqu’à la mort.
Parallèlement, ce déploiement de moyens humains et techniques importants a renforcé les intimidations à l’égard des maraudeur.euses : arrestation de véhicule, poursuite, garde à vue, verbalisations abusives… Les maraudeurs.euses sont en effet honteusement amalgamé.e.s aux passeurs, c’est-à-dire à des membres du crime organisé, responsables des situations dramatiques que vivent les migrants. Leur action est pourtant totalement opposée à l’exploitation et aux violences des passeurs, puisqu’il s’agit d’aide humanitaire. Cette aide s’inscrit dans le plein respect de la loi, qui autorise l’assistance de façon désintéressée à des personnes migrantes, contrairement à ce qu’affirme la notion, sans valeur légale, de “délit de solidarité”.
Nos maraudes nous ont également permis de constater le grand écart entre les principes affirmés par la France dans la loi et les conventions internationales et la réalité sur le terrain. Ainsi, de nombreux.ses exilé.e.s à l’état sanitaire très préoccupant en raison de l’hiver (gelures avec risque d’amputations, hypothermie, fractures, entorses , épuisement, déshydratation…) n’ont pas eu accès à un médecin, un droit pourtant prévu par la loi. Le non-respect du droit des exilé.e.s prend aussi d’autres formes brutales, comme les refoulements illégaux à la frontière, la séparation familiale ou l’absence d’interprètes.
Pour les élu.e.s écologistes et solidaires comme pour les bénévoles associatifs qui se mobilisent malgré les pressions policières et judiciaires, la solidarité et la fraternité sont des valeurs non négociables. A la haine de certains, nous avons voulu opposer un message simple : tout être humain, indépendamment de ses origines, mérite le respect et la dignité. La politique migratoire actuelle, coûteuse, inefficace et inhumaine ne peut continuer plus longtemps. Au lieu de violer les droits fondamentaux des exilé.e.s et de se défausser de ses devoirs sur les ONG, la France doit déployer un “état d’urgence humanitaire” pour le respect de la dignité et un accueil respectueux des droits fondamentaux.
Le principe de fraternité affirmée par notre devise républicaine doit se matérialiser concrètement.