La catastrophe survenue à Beyrouth, le 4 août dernier, à la suite à l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium causant la mort de près de 200 personnes, a soulevé de nouvelles inquiétudes sur l’usage de ce composé et des risques qu’il fait peser sur nos concitoyens. L’explosion de l’usine AZF en 2001 et plus récemment l’incendie de Lubrizol en sont des illustrations dramatiques.

La France consomme chaque année 2 millions de tonnes de nitrates d’ammonium, soit  8% de la production mondiale. Près de 180 sites industriels classés ICPE stockent du nitrate d’ammonium en grande quantité, dont 108 sont soumises à la directive européenne Seveso. Pour ne citer qu’un exemple, prenons celui de l’usine Yara située à Ambès en Gironde pouvant stocker jusqu’à 68.000 tonnes de produits à base de nitrate d’ammonium et entourée de 7 autres sites SEVESO seuil haut dans un rayon de 5 km.

Le rapport sénatorial sur la gestion des conséquences de l’incendie de l’usine Lubrizol, a montré que le risque zéro n’existait pas et que la prévention contre les risques industriels devait être de toute évidence renforcée, à travers un plus grand nombre de contrôles des sites industriels à risques.  

En réponse à ces défaillances, le Gouvernement vient de présenter un plan d’actions pour renforcer la sécurité de ces sites. Mais nous pouvons douter de la réalité de ces mesures quand le Gouvernement annonce 50% d’augmentation des contrôles des sites ICPE avec la création de postes supplémentaire d’inspecteurs et inspectrices, qui finalement n’interviendra pas avant la fin d’année 2022 !

Et que dire de la politique de simplification que vous poursuivez dans l’ombre pour accélérer l’implantation d’usines, quitte à les soustraire à certains contrôles.

Par ailleurs rien dans le plan du Gouvernement, rien n’est prévu pour renforcer les contrôles sur les sites stockant moins de 250 tonnes de nitrate d’ammonium, en particulier sur les exploitations agricoles où pourtant plusieurs accidents se sont produits.  Le nitrate d’ammonium étant utilisé dans la composition d’engrais chimique, dont notre agriculture est largement dépendante.

Ma question à la ministre était simple : dispose-t-on aujourd’hui d’un état des lieux précis par département des sites de stockage de combustibles et de nitrate d’ammonium à partir de 250 tonnes ? Quels moyens entendez-vous mobiliser pour renforcer les mesures de prévention et de contrôle sur ces sites ? Enfin, au regard du caractère particulièrement dangereux du nitrate d’ammonium, composant utilisé dans les engrais agricoles, le Gouvernement prévoit-il d’engager enfin une réflexion pour trouver des alternatives et engager enfin une transition vers une agriculture moins dépendante des produits phytosanitaires.