Avec une délégation sénatoriale, je suis jusqu’à la fin de la semaine à Katowice en Pologne pour la COP 24.

Trois ans après l’accord de Paris, les négociations climatiques internationales doivent trouver un nouveau souffle. L’espoir suscité après la COP 21 est quelque peu retombé. Au-delà de la tonitruante décision de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’accord, au-delà de la catastrophique élection au Brésil de Jaïr Bolsonaro et son funeste projet pour la forêt amazonienne, c’est la trajectoire des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui ne respecte pas le cadre adopté à Paris. En effet, en 2017, les émissions de gaz-à-effet de serre des pays du G20 ont augmenté de 2 %. Avec 3,2 % d’augmentation, la France fait figure de très mauvais élève. Un comble…

Ce cadre de l’accord de Paris reposait déjà sur des contributions volontaires, non contraignantes et largement insuffisantes, puisqu’elles ne permettraient de contenir le réchauffement climatique qu’à hauteur de 3,2 °C… Loin, très loin du seuil de 2°C au-delà duquel nous ne pourrons plus endiguer le réchauffement climatique, encore plus loin du seuil de 1,5 °C prôné par le GIEC dans son dernier rapport paru récemment et présenté lors de cette COP.

A l’occasion de la COP 26 en 2020, les engagements des Etats devront être revus à la hausse, mais il faut impulser le mouvement sans attendre. Malheureusement, le leadership politique fait défaut. Aucun des chefs d’Etat du G20 ne s’est rendu à Katowice… Dans un contexte politique national certes complexe, le président de la République, « champion du climat » a préféré se rendre au G20… Cela ne va pas arranger la perte d’influence de la France dans les négociations climatiques, rétrogradée de 10 places dans la liste des pays moteurs. Loin du slogan présidentiel, la France, qui n’est pas non plus leader par l’exemple, est en nette perte d’influence diplomatique, je le regrette. Pire encore, aucun pays ne semble réellement en mesure de prendre le relais.

Quelques motifs d’espoir néanmoins : la formidable mobilisation de la société civile et des élus locaux, je pense notamment au réseau Climate chance animé par mon collègue Ronan Dantec ou au réseau des Grandes villes C40, présidé par la maire de Paris, s’étant engagée à décarboner leur économie à l’horizon 2050. Les grandes villes américaines ont ainsi annoncé être en mesure, par leurs efforts, de compenser la politique de Donald Trump et de permettre aux Etats-Unis de tenir leurs engagements de 2015.

Autres motifs de satisfaction : le doublement de la contribution de l’Allemagne au Fond Vert pour le climat. L’engagement des pays du Nord de débloquer 100 milliards de dollars d’ici 2020 en faveur de la transition dans les pays du Sud est, pour le moment, en passe d’être tenu. Pour la suite, la Banque mondiale vient de s’engager à débloquer 200 milliards de dollars pour la période 2021-2025 en faveur de cette transition. Une manne bienvenue.

Car au niveau international comme dans chacun de nos pays, la transition doit être juste. C’est naturellement ce que préconise le GIEC, c’est également le mot d’ordre porté par l’animateur des négociations, le secrétaire d’Etat polonais à l’Environnement, Michal Kurtyka. Cette nécessité d’une transition juste qui inclut tous nos concitoyens fait écho à notre actualité nationale et doit absolument être prise en compte par le Gouvernement pour sortir de la crise et tenir les engagements de la France.