Alors que la vague de froid a déjà emporté la vie de trois personnes sans abri ces derniers jours, la situation de l’hébergement d’urgence reste extrêmement précaire. D’une part, le nombre de places reste insuffisant par rapport aux besoins, alors que le nombre de sans domicile fixe a doublé en dix ans, pour atteindre 330.000 personnes en 2022 selon l’INSEE. D’autre part, pour les personnes logées dans des hébergements d’urgence, les conditions d’accueil sont souvent très spartiates : manque d’espace, difficultés de transports, quasi-impossibilité de cuisiner… Autant de problèmes que j’avais décrit dans un rapport sur l’état du logement d’urgence en Isère il y a quelques mois.

Au cours des débats budgétaires de l’automne, le groupe écologiste du Sénat, que j’ai l’honneur de présider, est intervenu pour tenter d’améliorer cette situation, notamment en demandant de créer 10.000 places supplémentaires pour faire face à la demande. Si cet amendement a été rejeté, nous avons néanmoins réussi à faire voter un autre amendement demandant 6.000 places supplémentaires. Une proposition finalement écartée par le gouvernement lors du recours au 49.3. Un véritable mépris pour le travail parlementaire et surtout pour les personnes à la rue.

Depuis, le ministre du logement Patrice Vergriete a annoncé une enveloppe de 120 millions d’euros supplémentaires pour l’hébergement d’urgence, mais sans préciser l’usage de ces fonds. Alors que le remaniement en cours n’a toujours pas attribué de portefeuille pour le logement, cette promesse du ministre reste très incertaine.

Le désintérêt du gouvernement pour cette question de simple humanité, en plein hiver, est scandaleux. Comme l’avait rappelé ma collègue écologiste Mathilde Ollivier lors d’une question au gouvernement en novembre, on compte de plus en plus d’enfants à la rue. Avec l’accord des maires écologistes, plusieurs écoles sont occupées pour les loger la nuit, notamment à Grenoble et à Lyon. Une solution bien précaire, mais qui témoigne du désengagement complet de l’Etat sur cette question, alors qu’il s’agit pourtant de sa compétence.

Alors que notre pays compte énormément de logements vides, nous ne pouvons accepter une telle situation. Nous continuerons à nous saisir de toutes les opportunités pour mener ce combat et s’assurer que plus personne n’ait à dormir dans la rue, en particulier des enfants. A l’échelle locale comme nationale, nous nous battrons pour que ce minimum d’humanité soit garanti à toutes et tous.