Dans la nuit du 7 novembre, dans le cadre de l’examen du projet de loi immigration, le Sénat a adopté la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) à destination des étrangers sans papiers, remplacée par une aide d’urgence bien moins protectrice. Cette proposition défendue par le groupe Les Républicains et ses alliés est tout à fait scandaleuse à plusieurs titres :
-Tout d’abord, car elle est un refus d’humanité face à des personnes sans-papiers malades. Le serment d’Hippocrate et la décence humaine nous impose de soigner des personnes malades, quel que soit leur statut légal.
-Ensuite, car elle met aussi en danger la population nationale, en nous exposant notamment à des épidémies. Des virus comme le Covid-19 ou le SIDA ne se préoccupent pas de la nationalité et se diffusent par delà toutes les frontières.
-Cette suppression pose aussi des questions de sécurité, notamment pour les personnes étrangères atteintes de troubles psychiques sévères. La droite sénatoriale l’a d’ailleurs remarqué à l’occasion des débats, en proposant une aide psychologique d’urgence avant un passage à l’acte, ce qui ne peut évidemment pas fonctionner quand on connaît le temps long que nécessitent les soins psychiques et psychiatriques.
-Enfin, sur le plan strictement budgétaire, laisser la santé de certaines personnes se dégrader conduit inéluctablement à davantage de coûts pour une prise en charge par la suite. Parmi les sans-papiers affectés par cette décision, un certain nombre deviendront des citoyens français et bénéficieront de la Sécurité sociale, qui devra alors payer bien plus cher pour des maladies plus graves.
Plus largement, cette suppression témoigne malheureusement de l’influence croissante des idées d’extrême-droite et xénophobes. Le fait qu’une proposition issue de ce courant soit désormais soutenue par les Républicains et leurs alliés centristes est un signal inquiétant dans la dérive que nous connaissons. Le gouvernement, qui s’est pourtant dit attaché à l’AME, n’a pas non plus été à la hauteur, en donnant un « avis de sagesse », c’est-à-dire en refusant de prendre position clairement lors du vote. J’ai dénoncé ces différents points lors d’une prise de parole dans l’hémicycle.