Hier, au nom du groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires je me suis opposé à la participation des forces de l’ordre française à la sécurisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

Au contraire, nous devrions boycotter diplomatiquement cette Coupe du monde de la honte, attribuée dans des conditions plus que douteuses au Qatar, qui constitue l’une des pires aberrations écologiques de tous les temps et surtout qui a fait tant de victimes parmi les ouvriers presque esclavagisés qui ont construit les stades…


Merci Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Rapporteur,

Mes chers collègues,

Des milliers de vies humaines emportées.

Les pires conditions de travail constatées depuis l’abolition de l’esclavage.

200 milliards de dollars engloutis dans des stades pharaoniques à usage unique.

Une dépense énergétique invraisemblable pour refroidir de 40 à 15 degrés l’air ambiant de stades ouverts.

Après les innommables jeux olympiques d’hiver de Pékin, voilà le coût de ce mondial de la honte, attribué à la surprise générale et dans des conditions plus que douteuses par la FIFA avec l’entregent, funeste de l’ancien président Nicolas Sarkozy… Cette FIFA, qui demande aujourd’hui le même statut défiscalisé que l’UNESCO pour s’implanter à Paris et à qui le Gouvernement sort le tapis rouge…

Une bien triste année 2022 pour les valeurs du sport devenues le paillasson d’un capitalisme sans vergogne. Qu’on ne vienne pas me dire que les écologistes sont des ennemis du sport. C’est justement parce que nous défendons les valeurs du sport, l’olympisme et les principes de tolérance, de paix, de fair-play et de noble émulation visant à la création d’une société pacifique que nous nous levons contre cette aberration mercantile. Quels footballeurs peuvent se satisfaire de ce détournement de leur sport ? Quels footballeurs peuvent trouver du plaisir à jouer dans des stades plus imprégnés par l’odeur de la mort que par celle de la célébration ? C’est parce que les écologistes chérissent et défendent le sport que nous condamnons cette folie meurtrière.

Alors que le boycott, a minima diplomatique, s’impose, le Gouvernement nous propose au contraire de faire participer la France à la sécurité de cet évènement…

Ce cynisme est insoutenable.

Jusqu’où devrons nous fermer les yeux pour écouler nos Rafales ? Combien de morts tolèrerons-nous ? Combien de prisonniers torturés ? Combien de violations des droits humains nous faut-il accepter pour choyer le 3e plus gros client de notre industrie de défense ?

Ce projet d’accord est moralement inacceptable. Nos forces de l’ordre n’ont rien à faire au Qatar. Laissons l’émirat organiser cet évènement qu’il a tout fait pour obtenir contre tout sens commun.

On lit curieusement dans le rapport de la commission que cette participation de la France à la sécurité du mondial, permettra de « nous prépar(er) à l’accueil et à la sécurisation de la Coupe du Monde de rugby en 2023 et des Jeux Olympiques de 2024 ». Quelle curieuse justification ? La France, qui a organisé un championnat d’Europe de football en plein état d’urgence, quelques mois seulement après les attentats de novembre 2015, ne serait pas capable d’assurer la sécurité d’une Coupe du monde de Rugby et des Jeux olympiques ? C’est faire bien peu de cas des capacités de notre pays. Etrange pour les partisans de la candidate qui défend la « fierté française retrouvée ».

Plus largement, je regrette vivement la position de notre commission et la teneur du rapport que vous avez adopté. Mentionner « des avancées des droits humains » sans rappeler les innombrables violations de ces mêmes droits dont s’est rendu coupable le Qatar me semble pour le moins incomplet, pour ne pas dire orienté. Notre commission nous a habitué a plus d’objectivité.

Il a fallu notre intervention et celle de nos collègues communistes pour ne pas laisser le Sénat avaliser ce projet en catimini.

Car, même si l’on se plaçait comme vous du côté de la realpolitik dénuée d’états d’âmes, force est de constater que ce projet d’accord n’est pas plus opportun. Souhaitons-nous vraiment renforcer le partenariat dans la lutte contre le terrorisme avec un pays qui a potentiellement financé des groupes terroristes que notre armée combat encore au Mali ?

Toujours à nos incohérences, nous allons également mettre en place un partenariat bilatéral avec un pays qui a longtemps financé les Frères musulmans sur notre sol et dans le même temps nous continuerons à voter des lois « séparatisme » pour pouvoir fermer les mosquées concernées en abimant au passage les libertés publiques dans notre pays. 

Ce projet d’accord compromet tout autant notre dignité que notre sécurité nationale. Le Sénat doit le rejeter sur le champ !