Le 20 décembre 2024, j’ai organisé une action symbolique en transformant ma permanence le temps d’une journée en « annexe de la préfecture » pour y accueillir des personnes en demande de titres de séjour (ou pour leur renouvellement). Depuis des années, l’obtention de ces titres est en effet de plus en plus compliquée, au fur et à mesure que les lois sur l’immigration, les circulaires du ministère de l’intérieur et les préfets successifs surenchérissent dans la fermeté. De manière très concrète, ce sont des milliers de personnes sur le seul territoire de l’Isère qui sont directement impactées, dont une grande majorité vivent en France depuis longtemps, maîtrisent le français, ont un travail et souvent une famille. Leur intégration est souvent exemplaire, malgré les multiples obstacles.

Pourtant, n’étant pas citoyens français, ils et elles doivent renouveler régulièrement leur titre de séjour, faute de quoi la préfecture leur envoie des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), souvent très peu appliquées. Alors que la droite et l’extrême-droite s’égosillent sur la non-application de ces OQTF, la réalité est souvent bien plus triviale : faute de rendez-vous en préfecture, les titres expirent et les personnes vivant légalement en France tombent dans l’illégalité et reçoivent ces OQTF. Il leur faut souvent des mois, voire des années, pour obtenir enfin un rendez-vous, puis un titre de séjour, un parcours du combattant à recommencer inlassablement.

La digitalisation des rendez-vous en préfecture a également eu pour conséquence de créer un marché parallèle illégale de revente de créneaux de rendez-vous. Un commerce scandaleux qui se fait sur le dos de populations déjà en grande difficulté. J’avais déjà adressé une question écrite au gouvernement il y a plusieurs années sur le sujet, mais rien n’a changé. Si certaines plateformes illégales sont fermées, d’autres voient le jour. Surtout le problème fondamental, à savoir l’obligation de passer par internet pour obtenir ces rendez-vous à la préfecture, n’est pas résolu.

Lors de notre action, nous avons donc reçu de nombreuses personnes en attente de réponse de la préfecture, pour faire le point sur leur dossier. Nous avons également préparé de nombreux courriers pour soutenir leurs demandes, lorsqu’il est évident que ces personnes ont leur place en France, puisqu’elles y sont pleinement intégrées et ne demandent qu’à y poursuivre leur vie. Je continuerai de me mobiliser et d’interpeller les autorités sur ces situations scandaleuses. La machine administrative à créer des immigrés en situation illégale de manière absurde doit être arrêtée.