Dans le contexte de revendications et de mobilisation forte des agriculteurs partout sur nos territoires au cours des derniers mois, je suis allée à la rencontre de certains d’entre eux, afin de visiter leurs exploitations, d’échanger sur leur pratiques et savoir-faire et sur les problématiques auxquelles ils font face dans leurs filières respectives. 

Je me suis rendu à Saint-Nizier-du-Moucherotte, dans le Vercors, pour échanger avec Jérémy Jallat, éleveur de vaches laitières en bio et également élu national aux syndicat des Jeunes Agriculteurs et responsables des dossiers PAC et lait. Nous avons échangé sur le travail extrêmement précis et rigoureux que nécessite la filière laitière bio. Nous avons notamment pu aborder la Loi d’Orientation Agricole (LOA) à venir et ce qui en est attendu. Depuis septembre 2022, 14 000 fermes ont disparu en France. Il est temps d’arrêter l’hémorragie. Le besoin de davantage d’accompagnement à l’installation, notamment pour l’élevage, est limpide. L’enjeu du renouvellement des générations dans le monde agricole est central pour assurer la souveraineté alimentaire de la France de demain. Mais cela ne fonctionnera pas sans la construction d’un modèle alimentaire plus durable, passant par des aides à la transition vers l’agriculture et l’élevage biologiques, dont Jérémy Jallat a souligné la complexité. La transition agricole n’est pas simple mais nécessite un cap et une vision claire pour des politiques publiques efficaces.

J’ai également rencontré Vincent Gay, maraîcher bio à Saint-Chef et Baptiste Barral, aussi maraîcher bio et co-président de l’ADABio. Ils ont participé à la mobilisation, menée par la Confédération paysanne, sur le point de blocage emblématique de Saint-Quentin-Fallavier au début du mois de février. Une fois encore, est ressortie de notre échange la nécessité de garantir un revenu juste pour tous les agriculteurs et agricultrices en luttant contre la concurrence déloyale rendue possible par les traités de libre-échange et en inversant le rapport de force avec la grande distribution. 

J’ai eu enfin l’occasion d’aller visiter les vergers de Didier Serre, arboriculteur à Sablons, en présence Jean-Philippe Astruc, arboriculteur en partie en bio à Salaise-sur-sanne, de Laurent Teil, maire de Sablons et de Gilles Vial, maire de Salaise-sur-sanne. Nous avons pu échanger sur leurs pratiques techniques et complexes et j’ai pu observer leur savoir-faire impressionnant. Anticipation et adaptation sont les maîtres-mots face au réchauffement climatique, l’apparition permanente de nouveaux ravageurs, la perte de biodiversité et les aléas météorologiques. Or, sans accompagnement, moyens pour la recherche et propositions d’alternatives aux produits phytosanitaires, les agriculteurs ne peuvent y faire face seuls. 

La nécessaire transition agricole et le changement d’un modèle arrivé à bout de souffle doivent être enclenchés, mais c’est seulement main dans la main avec les paysannes et paysans qu’ils peuvent aboutir.