A l’occasion des Universités rurales des écologistes qui se sont tenues à Die du 6 au 8 octobre 2023, j’ai eu l’occasion d’animer un atelier intitulé : Comment protéger et soutenir le modèle pastoral ?

Crise des vocation, difficulté d’installation, rémunération parfois insuffisante, calcul incohérent des subventions de la politique agricole commune (PAC), partage de la montagne avec d’autres activités, gestions des ressources naturelles notamment de l’eau, le pastoralisme est confronté à de nombreuses difficultés que le retour des grands prédateurs, en particulier le loup est venu exacerber.

La cohabitation entre ce modèle d’élevage extensif vertueux, indispensable à nos montagnes et le loup essentiel pour l’équilibre des écosystèmes notamment forestiers reste encore à construire même si de nombreuses initiatives riches d’enseignements voient le jour, en particulier ici dans le parc naturel du Vercors.

Alors que le nouveau Plan national d’activité (PNA) 2024 – 2029 sur le loup et les activités d’élevage est en cours de finalisation, alors que la commission européenne lance une consultation sur le sujet, il est plus que jamais temps de réfléchir à la sauvegarde de notre modèle pastoral en n’occultant pas que les difficultés à surmonter dépassent largement le défi que représente la prédation.

L’objet de cet atelier était de permettre l’échange entre les acteurs publics et associatifs et des éleveuses, toutes et tous implantés dans le territoire du Vercors, emblématique des défis du pastoralisme.

Une grande partie des discussions a porté sur le nouveau Le nouveau « Plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage 2024 – 2029 » (PNA) qui ne satisfait ni les éleveurs, ni les associations environnementales.

En effet aucun bilan n’a été effectué du précédent « plan loup » et les mêmes recettes sont proposées en espérant un résultat différent. Les moyens pour la recherche sur le prédateur restent faméliques et les financements dédiés à la protection des éleveurs et éleveuses largement insuffisants. Le statut des chiens de troupeau demeure incertain, et aucune nouvelle brigade de louvetiers n’est prévue alors qu’il en faudrait a minima une par massif montagneux, mais aussi sur les fronts de colonisation pour ne pas répéter les erreurs commises dans les Alpes. Plus largement, le retour des grands prédateurs est venu exacerber de nombreuses difficultés du pastoralisme que ce plan ne commence même pas à envisager :  crise des vocations, difficulté d’installation, rémunération parfois insuffisante, calcul incohérent des subventions de la politique agricole commune (PAC), impact délétère des traités de libre-échange, conditions de vie en alpage, partage de la montagne avec d’autres activités, gestions des ressources naturelles notamment de l’eau, etc.

L’ambition du nouveau Plan doit être revu à la hausse pour apporter des réponses concrètes et pérennes pour assurer la préservation du loup et la sauvegarde du pastoralisme.

Intervenant(e)s :
Jean-David ABEL, vice-président de France Nature Environnement, représentant au groupe national loup chargé de la concertation autour du PNA.
Elisabeth MOREAU, éleveuse-bergère GAEC Bos
Catherine SARRIGNAC – PECCOZ, éleveuse-bergère GAEC du Savel
Michel VARTANIAN, 1er vice-président du Parc natruel régional du Vercors en charge notamment de la question du loup.