A la suite des élections législatives, le Sénat s’est réuni le 18 juillet pour permettre à chaque groupe politique de s’exprimer sur la situation politique. Au nom du groupe écologiste, j’ai d’abord salué le barrage républicain qui a permis d’éviter un gouvernement RN, ainsi que la mobilisation historique des électeurs et de la société civile. Alors que l’Assemblée n’a plus de majorité, il est tant de tenir acte du souhait des Français d’un régime parlementaire et d’instaurer la proportionnelle, afin de pouvoir voter pour et pas uniquement contre. Charge à nous de trouver désormais des compromis sans trahir notre programme, pour faire avancer la justice sociale et fiscale, l’écologie et l’égalité entre les territoires.

Vous pouvez retrouver mon intervention en vidéo et sous format texte ci-dessous :

Merci Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Permettez-moi de conclure cette séance exceptionnelle dans une configuration politique qui l’est tout autant. 

A l’heure où nous parlons, la France n’a pas encore de Gouvernement et le scénario découlant du verdict historique des élections législatives anticipées reste à écrire. 

Deux certitudes : à la tête d’un Front républicain retrouvé, le projet du Nouveau Front populaire a séduit une majorité de nos compatriotes et le Parlement va retrouver toute sa place dans le fonctionnement institutionnel et politique du pays.

Les orateurs et oratrices précédents l’ont illustré : la lecture des résultats du scrutin du 30 juin et du 7 juillet peut se faire à plusieurs niveaux. 

Il en ressort néanmoins deux éléments irréfutables. 

Tout d’abord, une défaite sans appel pour le président de la République qui voit ainsi son bilan de casse sociale, de casse territoriale et d’inaction écologique justement sanctionné. 

Ensuite, une mobilisation populaire et électorale jamais vue au XXIe siècle pour des législatives.

Nos compatriotes ont largement rejeté la possibilité de voir l’extrême droite gouverner notre pays. 

Je m’en félicite. 

Je salue l’esprit de responsabilité de toutes celles et ceux qui ont appelé au barrage républicain et/ou se sont désisté.es pour le faire advenir. 

Quel contraste avec l’attitude irresponsable des Républicains qui ont refusé les désistements et les appels au barrage et ont ainsi permis l’élection en triangulaire d’une demie-douzaine de député.es d’extrême droite. Un exemple tellement symbolique avec la 4e circonscription de la Drôme, où nous célébrions ces derniers jours le 80e anniversaire des combat du Vercors contre la barbarie nazie. 

Le président Retailleau déclarait le 8 juillet que la marque “Les Républicains” était morte. Je confirme !

Vous ne pouvez plus, en aucune façon, vous revendiquer de la défense de la République que vous avez choisi d’abandonner alors que l’extrême droite était aux portes du pouvoir. 

Le Front républicain, dont, au passage, vous avez largement bénéficié, a été bien plus fort que votre manque de courage. 

Nous demandons à maintenir ce Front républicain à l’Assemblée nationale à l’instar de ce qui se passe au Parlement européen, en excluant l’extrême droite des postes à responsabilité. 

Le Front républicain aboutit sur une tripartition de l’Assemblée nationale. Le Nouveau Front Populaire, en tête, a su, grâce à une mobilisation massive de la société civile, donner l’espoir.  

Charge à nous de proposer un Gouvernement pour la France et de construire demain les compromis nécessaires à la mise en œuvre de notre programme. 

Car gouverner en régime parlementaire sans majorité absolue exige nécessairement de construire des compromis démocratiques, de fixer des priorités sans pour autant se renier.  

Je ne doute pas que nous y arriverons à l’Assemblée comme au Sénat, sur d’indispensables mesures de justice sociale et climatique, de justice fiscale, de revitalisation de nos services publics, de soutien à nos collectivités locales, de  respiration démocratique. Cela prendra nécessairement un peu de temps et c’est normal. 

Après des décennies de fait majoritaire conférant au pouvoir exécutif une primauté nocive sur l’équilibre institutionnel allant jusqu’à menacer la séparation même des pouvoirs, la France retrouve le régime parlementaire sans majorité pour la première fois depuis la IVe République.

Devant un tel retour du fait démocratique, il va nous falloir réapprendre collectivement (responsables politiques, médias, citoyen.nes) la patience qu’exige le régime parlementaire.

Un programme de coalition est négocié pendant plusieurs mois en Allemagne. En Espagne, l’actuel Gouvernement minoritaire a mis plusieurs semaines à s’installer. 

Loin d’être inquiets, les écologistes voient dans le retour du fait parlementaire une source d’optimisme. 

Mais aucun régime parlementaire ne saurait fonctionner de manière satisfaisante sans une élection de l’Assemblée nationale à la proportionnelle.

Ce mode de scrutin permet à la fois une plus juste représentation des forces politiques, d’apaiser le débat public et de poser les bases de plateformes programmatiques.

Il est temps de permettre aux françaises et français de voter pour leurs convictions et pas contre l’extrême droite. C’est le sens de notre proposition de loi visant à instaurer la proportionnelle régionale aux élections législatives que vient de déposer Mélanie Vogel.

Alors que la menace de l’extrême droite est toujours bien présente, nous ne ferons pas l’économie, ces 12 prochains mois, d’une profonde réflexion sur le fonctionnement de notre démocratie. 

Son besoin de revitalisation est à la hauteur de la menace qui pèse sur elle. Soyons à la hauteur.

Je vous remercie