Communiqué de presse du 2 octobre 2023

Embouteillages, trains en retard, carburant de plus en plus cher, pollution atmosphérique… Dans toute l’Isère et en particulier dans la métropole grenobloise et aux abords de Lyon, les mobilités doivent radicalement changer. Les attentes des élus, des employeurs et des citoyens en matière d’alternatives à la voiture sont fortes.

L’annonce par le président de la République l’an dernier de la volonté de l’Etat de voir émerger 13 « RER métropolitains », dont ceux de Lyon et Grenoble, constitue donc une bonne nouvelle. Préparés depuis des années par les élus locaux et la SNCF, ces projets sont relativement bien avancés et doivent désormais passer à une nouvelle phase. Malheureusement, les financements pour la création de ces RER restent pour l’instant maigres. La récente annonce par le chef de l’Etat d’une enveloppe de 700 millions d’euros pour ces 13 projets pose plus de questions qu’elle n’en résout. S’agit-il d’une première enveloppe amenée à être complétée par la suite ? Ou est-ce tout ce que l’Etat entend mettre de sa poche, alors que les investissements nécessaires sont estimés entre 15 et 20 milliards pour les différents projets ? Rappelons ici que le projet grenoblois avait été chiffré en 2019 à un milliard d’euros et que la France est le dernier pays d’Europe en matière d’investissement dans le ferroviaire, avec 46€ par habitant et par an.

Les Présidents de la métropole de Grenoble, de la communauté d’agglomération du Pays Voironnais et de la communauté de communes du Grésivaudan, ainsi que celui du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Agglomération Grenobloise (SMMAG) ont d’ailleurs réagi froidement à cette annonce. Dans leur communiqué, ils jugent ce montant « édifiant, consternant et désespérant au regard des enjeux environnementaux, sanitaires, économiques, d’emplois, d’aménagement du territoire, et de connexions entre les territoires ruraux, périurbains et urbains. » Une insatisfaction que je partage.

Au niveau régional, le volet mobilités du Contrat-Plan Etat-Région (CPER) n’est toujours pas connu et Auvergne Rhône-Alpes est l’une des rares régions à ne pas avoir signé de protocole d’accord avec l’Etat sur le financement des lignes de desserte fine du territoire. Or en l’absence de planification, aucun projet n’avance. Personne ne sait pour l’heure si les investissements nécessaires aux futurs RER et aux « trains du quotidien » arriveront un jour.

Il est d’ailleurs indispensable que les deux aillent de pair pour ne pas accroître la fracture territoriale entre les métropoles et le reste du territoire. En outre, les RER permettront aussi de mieux faire circuler les autres trains, grâce à des voies supplémentaires, à la suppression de certains obstacles et à une meilleure signalisation.

Alors que le Sénat examinera prochainement la proposition de loi du député Zulesi « relative aux services express régionaux métropolitains », ce texte ne contient que des précisions juridiques sur la forme que doivent prendre ces projets et leur gestion par l’ex-Société du Grand Paris. Un premier pas certes, mais qui doit être accompagné de financements. J’ai ainsi demandé à plusieurs reprises au ministre des Transports une nouvelle loi d’orientation des mobilités, avec un plan pluriannuel d’investissements ferroviaires, plutôt que des annonces au goutte à goutte.

L’attentisme du gouvernement est à mettre en regard avec son action très volontariste en matière de travaux routiers et autoroutiers, pourtant climaticides. Alors que les projets en question sont contestés dans toute la France, de l’A69 entre Castres et Toulouse à la RN 88 en Haute-Loire, il me semble nécessaire d’appliquer un moratoire sur ces grands projets et de réexaminer leur pertinence. Les 13 milliards d’euros qu’ils représentent sont autant de ressources que nous pourrions déployer pour nos trains, qui en ont cruellement besoin.

En tant que sénateur de l’Isère, je continuerai donc à demander ce moratoire et plus d’investissements pour le ferroviaire, à la fois dans les « lignes du quotidien » et dans les RER métropolitains. Il est grand temps de prendre le train de la transition écologique.