Le 12 février dernier, la militaire Manon Dubois sortait de son devoir de réserve et témoignait dans la presse des nombreuses agressions sexuelles gravissimes qu’elle a subi au sein de la Marine. Depuis, d’autres femmes militaires ont également franchi le pas et les récits accablants se succèdent. Toutes témoignent d’actes extrêmement graves et douloureux commis par leurs collègues masculins. Au-delà des faits en eux-mêmes, évidemment répréhensibles, c’est une atmosphère particulièrement propice aux violences sexistes et sexuelles qui est décrite par les victimes et qu’il est impératif de changer en profondeur. L’indispensable féminisation de nos armées ne peut en effet avoir lieu si les femmes risquent constamment le viol, les violences et le harcèlement sexuels.
Cette libération de la parole dans nos armées est une bonne nouvelle. Il faut en effet beaucoup de courage pour oser dénoncer ces actes, d’autant plus dans un corps de métier extrêmement fermé et dans lequel les militaires sont soumis à un devoir de réserve très strict, d’où le surnom de “grande muette” donné à l’armée. Pour plusieurs victimes, cette prise de parole signifie un départ de l’armée et donc la fin de leur carrière, alors qu’elles ont profondément envie de servir la France, y compris au péril de leur vie. Je tiens donc à saluer leur très grand courage et leur témérité. Pour autant, cette situation ne peut durer plus longtemps : ce n’est pas aux victimes de devoir quitter l’armée, mais bien aux agresseurs.
Heureusement, ces témoignages ne sont pas restés sans suite. Plusieurs parlementaires, notamment la députée Laëtitia Saint-Paul (Renaissance) et mon collègue sénateur écologiste Grégory Blanc, s’en sont saisi et ont interpellé le gouvernement à divers reprises. Je pense en particulier à la question au gouvernement de Gregory Blanc posée dès le mois de mars. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a quant à lui demandé un rapport à l’Inspection générale des Armées (IGA), dévoilé le 12 juin dernier. Suite à ce rapport, un plan d’action a été présenté le 2 juillet, autour de quatre axes : accompagner les victimes, sanctionner les agresseurs, garantir la transparence et enfin prévenir les VSS. En tant que membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat, j’ai notamment eu l’occasion d’en discuter avec plusieurs représentants du ministère des Armées auditionnés au Sénat début juillet.
Si je salue évidemment ce plan d’action et souhaite sa mise en œuvre au plus vite, celui-ci reste cependant insuffisant. En effet, si la majorité des mesures relèvent du ministère des Armées et de décrets, une préconisation majeure nécessite un changement législatif. Mon collègue Grégory Blanc a donc déposé une proposition de loi afin de garantir que les agresseurs soient radiés de l’armée et perdent leur grade en cas de viol, agression ou harcèlement sexuel sur un.e subordonné.e. Cette modification du code de justice militaire est impérative pour faire cesser l’impunité et affirmer pleinement le devoir d’exemplarité de l’armée française. Comme l’ensemble du groupe écologiste, j’ai bien évidemment co-signé ce texte et m’engage à le soumettre au vote de mes collègues le plus tôt possible. Espérant que cette réforme intervienne le plus rapidement possible, je continuerai à me mobiliser pleinement sur ce sujet d’ici à ce qu’elle soit adoptée.
Crédit photo : Lucas Lemoine