Au début du mois de février, j’ai eu l’occasion de me rendre à un temps d’échange avec Monsieur Patrice Gros, DASEN de l’Isère, au sujet des orientations et des mesures de carte scolaire pour la rentrée 2024. Si je salue l’inspecteur d’Académie pour avoir fait marche-arrière sur certains projets de fermetures de classes, de nombreux retraits de postes sur l’Académie vont malgré tout engendrer des retraits de divisions dans certaines écoles et collèges de notre territoire. La mobilisation perdure donc pour que ces décisions soient réévaluées. 

Ces fermetures de classes, non sans conséquences, inquiètent les parents d’élèves, équipes de direction, enseignants et municipalités, et à juste titre. 

La réduction du nombre de classes par établissement a bien souvent pour effet l’augmentation des effectifs par classe. Mais comment assurer la qualité de l’enseignement et de bonnes conditions d’apprentissage pour tous les enfants dans des classes surchargées ? La question se pose d’autant plus pour les écoles maternelles, dont les élèves nécessitent un accompagnement personnalisé adapté à leur âge et à leurs besoins. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2020, le Ministère de l’Éducation nationale fixait à 24 élèves le nombre maximum d’élèves par classe de maternelle, un effectif-plafond qui n’est pourtant pas respecté dans de nombreux cas pour la rentrée 2024.

L’Isère compte de nombreuses écoles et collèges ruraux ou de montagne. Là encore, une attention particulière devrait leur être accordée. Les élèves en grandes difficultés sont souvent très éloignés des établissements adaptés (SEGPA, ULIS…) – qui eux aussi font face à des réductions de places disponibles – qu’ils ne peuvent rejoindre. Le maintien d’un enseignement fluide et adapté y est donc particulièrement nécessaire. 

En ce qui concerne les enseignants, ces fermetures de classes les obligent à exercer dans des conditions difficiles du fait d’effectifs élevés. Certains d’entre eux doivent diviser le temps de travail entre plusieurs établissements, parfois éloignés, ce qui revient à une perte considérable d’engagement dans la vie des établissements, dans les temps d’aide personnalisée aux élèves ou dans l’organisation d’activités culturelles. 

Là où l’anticipation devrait primer, nombreuses sont les fermetures de classes prévues malgré des prévisions d’effectifs à nouveau rehaussés en 2025 du fait d’investissements des communes dans des logements destinés aux familles. De cette décision résulte donc l’instabilité dans l’organisation des établissements et la gestion de leurs locaux et de leurs équipements, constamment remise en cause. 

À travers la mobilisation de nombreux établissements du département ces dernières semaines contre la réforme du “choc des savoirs” présentée par Gabriel Attal en décembre 2023, c’est cette politique éducative contradictoire du Gouvernement qui est questionnée. Comment “remettre de l’exigence à l’école” et réduire les moyens qui lui sont alloués ? La politique gouvernementale va dans le mur. Au lieu de mettre en place un tri des élèves par groupes de niveaux au collège, qui n’aura d’autres conséquences que la stigmatisation, l’affaiblissement de l’entraide et le creusement des inégalités, ce sont des classes aux effectifs décents, des groupes de soutien, des disciplines variées et des activités culturelles qui permettront un réel choc de l’égalité des chances.