Le 16 janvier, j’ai pris part au « débat » au Sénat sur la question de l’impact de la présence du loup sur les activités d’élevage. Après une succession d’orateurs tous d’accord pour demander plus de tirs et déclasser le loup comme espèce protégée, j’ai pris la parole au nom du groupe écologiste pour porter une vision différente et rappeler des faits omis par mes collègues. Le ministre Marc Fesneau n’a visiblement pas apprécié…

Vous pouvez retrouver mon intervention en vidéo et sous format texte ci-desssous

Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

Il est frustrant de ne disposer que de deux minutes pour un débat passionnant, mais dont les termes sont particulièrement mal posés. Plus de 50 % de la viande ovine consommée en France est importée. Hasard du calendrier, nous sortons d’un débat sur l’aberrant projet d’accord de libre-échange UE – Mercosur. Les mêmes élus qui viennent de soutenir cet accord vont maintenant nous expliquer que tous les maux de l’élevage sont liés au loup !

Les données sont pourtant formelles : alors que le nombre de loups augmente, le nombre d’attaques stagne voire baisse. Le dernier plan loup, œuvre de Nicolas Hulot, semble avoir plutôt bien fonctionné pour favoriser une indispensable cohabitation entre le loup et les activités humaines mais également pour redynamiser l’élevage ovin. Ainsi, d’après la Mutualité sociale agricole, le secteur ovin est l’un des secteurs agricoles où le renouvellement des exploitations est le plus important (autour de 90 % contre 50 % pour l’élevage bovin), allant jusqu’a 150% dans certains départements. Les départements où l’élevage ovin est en crise (Haute-Vienne, Allier, Lot) ne sont d’ailleurs pas ceux où le loup est le plus présent.

En proposant un plan loup uniquement axé sur la facilitation des tirs, vous avez donc réussi l’exploit de faire l’unanimité des éleveurs et des associations environnementales contre vous. Certes, le retour de ce prédateur est une contrainte pour les éleveurs, mais ils réussissent à s’y adapter. Plutôt que de vous battre à Bruxelles pour un déclassement du statut du loup, vous feriez mieux de vous battre contre les traités de libre-échange et pour une refonte de l’incohérent calcul des surfaces pastorales éligibles à la PAC. Nos éleveurs attendent des réponses concrètes et de l’accompagnement, notamment pour les frais engendrés par les chiens de protection, pas de la démagogie.

Supprimons les termes trompeurs de ce débat. Monsieur le Ministre, comment allez-vous assurer l’avenir du pastoralisme ?