AlertĂ© par l’ONG Survival International , avec qui je travaille pour la dĂ©fense des peuples autochtones partout Ă travers le monde, sur la situation dramatique qui sĂ©vit Parc national protĂ©gĂ© de Kahuzi-Biega.
L’ONG Minority Rights Group International fait état des viols en réunion, des meurtres parfois par immolation d’hommes et de femmes et d’enfants commis par dizaines entre 2019 et 2021. Elle montre également que les bailleurs de fonds (notamment des agences publiques allemandes) et le ONG de conservation présentes sur place ont connaissance de ces faits, qu’elles soutiennent de fait par leur financement poursuivi.
La France via l’Agence française de dĂ©veloppement s’apprĂŞtait Ă soutenir le projet.
J’ai donc interpellĂ© la ministre par courrier dĂ©but juin et hier en audition au SĂ©nat pour lui demander d’empĂŞcher que la France se rende complice des ces atrocitĂ©s.
J’ai Ă©galement rappelĂ© que mĂŞme si ces horreurs n’avaient pas eu lieu, ce projet de parc naturel exproprie et chasse les populations autochtones Batwa. Or ceci entre en contradiction avec loi du 4 aoĂ»t 2021 de programmation relative au dĂ©veloppement solidaire et Ă la lutte contre les inĂ©galitĂ©s mondiales promulguĂ©e l’an dernier.
Sur une proposition du groupe Ecologiste – SolidaritĂ© et Territoires du SĂ©nat inspirĂ©e par les ONG (dont Survival International) , le rapport annexĂ© Ă la loi prĂ©cise que la France : « exerce une vigilance particulière sur les projets menĂ©s dans les territoires oĂą vivent les personnes appartenant aux populations autochtones puisque, en raison de leur relation Ă©troite avec leur environnement, ceux-ci sont particulièrement vulnĂ©rables aux consĂ©quences de l’accaparement des terres. Lorsque leurs droits territoriaux sont reconnus et respectĂ©s, ils assurent la protection efficace et la gestion durable de l’environnement naturel, dont ils dĂ©pendent pour leur subsistance, leur santĂ© et leur mode de vie ».
A mon grand soulagement, la ministre des Affaires Ă©trangères Catherine Colonna m’a rĂ©pondu suspendre la participation de la France au projet !
Sénateur Guillaume Gontard :
Madame la Ministre,
Selon plusieurs informations de RFI, l’AFD a récemment décidé de soutenir financièrement le parc national protégé de Kahuzi-Biega en République démocratique du Congo, pays en proie à une guerre civile meurtrière, et le projet, soutenu par des investissements occidentaux et notamment l’Allemagne, prend place dans une région où les exactions contre la population sont fréquentes.
Plusieurs rapports d’ONG qui font part de meurtres, de viols et d’exactions terribles montrent également que les bailleurs de fonds et les ONG de conservation présentes sur place auraient connaissance de ces faits.
A la demande des pouvoirs publics allemands une commission d’enquête, soit disant indépendante, a été diligentée. Al Jazeera a par exemple mis en lumière de graves dysfonctionnements dans cette commission et son absence d’indépendance puisque les gestionnaires du parc en faisaient partie.
L’ONG Survival International et RFI détiennent également des éléments qui impliquerait directement l’AFD. C’est quelque chose de particulièrement grave et je dirais, quoi qu’il en soit, que cette participation de l’AFD à l’expropriation des populations autochtones Batwa nous semble entrer en contradiction avec la loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et la lutte contre les inégalités mondiale qu’on a promulguée l’an dernier. Sur une proposition de notre part inspirée des ONG, le rapport annexé à la loi précise que la France « exerce une vigilance particulière sur les projets menés dans les territoires où vivent les personnes appartenant aux populations autochtones ».
Madame la Ministre je vous avais déjà alerté par écrit et je vous alerte à nouveau pour savoir si vous allez intervenir afin que l’AFD ne participe pas à ce désastre écologique.
Catherine Colonna, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
Le projet de soutien à ce parc par l’Agence française de développement n’en était qu’au stade préliminaire.
Je suis informée de la situation particulière dans cette zone, j’ai donc demandé que l’on regarde et j’ai demandé, pour vous répondre plus précisément, de suspendre l’instruction de ce projet qui, en effet, soulève de réelles questions.