Les élections européennes ont dévoilé un résultat pour le moins contrasté et ambivalent pour la gauche. De prime à bord, divisée, elle parait éparpillée façon puzzle, balayée et donc impuissante dans un paysage politique dont la recomposition se confirme autour d’un clivage entre universalistes et souverainistes qui a également eu raison des Républicains dont le pronostic vital semble engagé.
Mais en y regardant de plus près, la gauche et les écologistes reprennent des couleurs par rapport à 2017, avec un pourcentage de voix qui passe de 25 à près de 35 %. Le score d’Europe-écologie les Verts (EELV) fait office de bonne surprise et permet d’éviter que le podium de l’élection soit trusté par les droites. Ce score envoie par ailleurs un message définitif que le scrutin de 2017 laissait déjà présager : l’avenir de la gauche, l’avenir du socialisme, passe par l’écologie.
D’autant plus que les écologistes réalisent de bons scores dans de nombreux pays d’Europe (Allemagne, Royaume-Uni, pays scandinave, Bénélux…) témoignant d’une dynamique qui concerne, a minima, toute l’Europe du Nord. Le 26 mai, c’est notamment toute une génération qui s’est rendue aux urnes pour envoyer le message fort de la nécessité de répondre à l’urgence environnementale.
En France, au-delà du résultat d’EELV, les millions de suffrages accordés à la liste Urgence écologie, au Parti animaliste, à Génération.s ou à la France Insoumise témoigne de cette aspiration profonde à un changement radical vers un modèle économique dont l’objectif central est la préservation de notre environnement. L’inflexion notable du discours du Parti communiste et du Parti socialiste vers le socialisme écologique invite également à penser que nous sommes proches du moment où l’ensemble des forces de gauche aura tourné la page de la pensée productiviste du XXe siècle.
Il était saisissant, lors des débats télévisuels de la campagne européenne, de constater à quel point il était difficile de trouver des différences entre les propos de Manon Aubry, Ian Brossat, Raphaël Glucksmann, Benoit Hamon et Yannick Jadot. Seuls les militants politiques et les électeurs les mieux informés sont capables de mesurer précisément ce qui sépare encore les formations de gauche en une myriade de petites forces politiques, incapables de remporter les élections. Or c’est cet objectif qui anime en priorité la grande majorité des électeurs de gauche, à la recherche, depuis l’effondrement du PS, d’une force politique à même de conquérir le pouvoir. Après avoir tenté la France insoumise en 2017, les électeurs se sont cette fois massivement tournés vers EELV. Le vote utile a de beaux jours devant lui. Il fait intégrer cette donnée avant 2022, il faut se méfier des tentations hégémonistes vouées à l’échec et rassembler tous ceux qui veulent contribuer à une alternative sociale et écologique.
Pour dépasser les appareils et les égos, facteurs de grande inertie, il faut se concentrer sur le projet. Si chacune des familles de la gauche conserve et conservera ses spécificités, les points d’accord sont suffisamment nombreux pour élaborer un programme de Gouvernement pour les 10 ou 20 prochaines années. Lançons des grands états généraux de la gauche pour élaborer un tel programme. Des initiatives sont apparues en ce sens pour un « big bang », pour une « convergence », il est essentiel de les encourager, des les accompagner, de les faire vivre !
Ce rassemblement commencera par les territoires, d’où démarre toute construction politique, toute conquête du pouvoir national (ou presque, le précédent de la candidature Macron de 2017 n’a pas d’équivalence dans l’histoire politique récente). Les élections municipales de 2020, sont l’indispensable première pierre du rassemblement. La commune est l’échelon le plus adapté qui soit au dialogue démocratique, au travail en commun, à la recherche des convergences, à la construction des compromis, bref au rassemblement.
Il est urgent de préparer cette échéance partout dans le pays. C’est la raison pour laquelle, j’ai souhaité accompagner mon collègue Ronan Dantec dans le lancement de l’appel « Ensemble sur nos territoires » pour tenter de fédérer partout dans le pays, celles et ceux qui veulent travailler au rassemblement, en commençant par l’échelon local.
Le rassemblement des forces de gauche et écologiste est la raison d’être du mandat de sénateur que vous m’avez confié. Cet objectif guide chaque jour mon action et j’œuvrerai avec toute l’énergie qui est la mienne, à Paris, en Isère et ailleurs à concrétiser l’espoir de ce rassemblement pour mettre fin dès 2022, à l’opposition mortifère entre le capitalisme néolibéral et le capitalisme nationaliste.
Comme l’écrivait si bien Louis Aragon :
« Quand les blés sont sous la grêleFou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat. »
Ce combat ne plus être l’union. Nous n’avons plus le temps à perdre, l’urgence exige de nous une responsabilité historique.