Suite à la décision du département de l’Isère de retirer sa subvention au festival Bien l’Bourgeon qui se tiendra à Gresse-en-Vercors du 29 au 31 mai, j’ai souhaité réagir contre cette attaque inédite contre la liberté artistique et d’expression. Vous trouverez ci-dessous mon communiqué de presse :

Je viens d’apprendre la décision du département de l’Isère de suspendre sa subvention au festival de musique “Bien l’Bourgeon”, qui doit se tenir à Gresse-en-Vercors pour une 8ème édition. Organisé auparavant dans la commune de Saint-Geoire-en-Valdaine par l’association Mix’Arts, cet événement réunit entre 5000 et 7000 personnes chaque année, contribuant fortement à l’attractivité et à la vie culturelle de ces communes. La perte de ce soutien financier de 4000€ pourrait s’accompagner de la perte de la subvention de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, venant fragiliser encore l’organisation de ce festival.

En cause, la programmation du rappeur Médine, notamment connu pour ses positions antiracistes. Or, cet artiste fait l’objet de campagnes de l’extrême-droite depuis plusieurs années, qui l’accusent de complicité avec l’islam radical. Cet amalgame entre la foi musulmane de ce rappeur et son supposé islamisme est totalement infondé. Si tel avait été le cas, imagine-t-on la comédie musicale “La Haine”, pour laquelle il a réalisé une bande originale, être nominée aux Molières cette année, cérémonie présidée par la ministre de la Culture ? Surtout, je tiens à rappeler que ce rappeur n’a jamais été condamné pour aucun de ses textes ou de ses actes.

Que les présidents du département de l’Isère et de la Région AURA n’apprécient pas les textes de cet artiste est tout à fait entendable. En revanche, céder à ces campagnes calomnieuses et tenter de censurer un artiste constituent une atteinte grave à la liberté d’expression et à la liberté artistique. Ce choix visant manifestement à complaire à l’extrême-droite est une honte. Si chaque collectivité commence à vouloir établir le programme des événements culturels et censurer les artistes qui lui déplaisent, nous ne serons plus en démocratie.

L’arrêt de cette contribution financière met par ailleurs l’association Mix’Arts dans une situation très précaire et fragilise la bonne tenue de l’événement. Je rappelle que ce festival constitue un enjeu d’attractivité majeur pour les communes où il se produit. Les conséquences sont donc dramatiques, tant pour les salariés qui voient leurs emplois menacés que pour l’attractivité touristique du territoire.

Ainsi, j’appelle le département de l’Isère à revenir au bon sens et à la Région à ne pas suivre cette décision honteuse. Ni le rappeur Médine, ni l’association Mix’Arts, ni la commune de Gresse-en-Vercors ne doivent être lésés par des considérations
idéologiques discriminantes et infondées.