Le 27 mai, je prenais la parole au nom du groupe écologiste du Sénat dans un débat sur les défis des politiques publiques en zone rurale pour aborder un point souvent négligé : les difficultés d’accès croissantes à l’avortement pour les femmes vivant à la campagne. L’occasion d’interpeller la ministre des ruralités Françoise Gatel, un an après le vote historique de constitutionnalisation de la liberté à recourir à l’IVG.
Vous pouvez retrouver mon intervention en format texte et en vidéo ci-dessous :
Monsieur le Président,
Madame la Ministre Françoise Gatel,
Mes chers collègues,
Alors que nous avons fêté, le 17 janvier dernier, les 50 ans de la loi Simone Veil légalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse et un an après la constitutionnalisation de la liberté garantie de recourir à l’avortement, l’accès à ce droit fondamental reste largement inégal sur le territoire.
Pour les 11 millions de femmes vivant en zone rurale, ce droit aujourd’hui constitutionnel n’est toujours pas garanti. En juillet 2024, l’étude Ifop commandée par le planning familial rappelait que plus de la moitié des femmes vivants en zone rurale ayant eu recours a un avortement faisait part d’inégalités d’accès à l’IVG.
En 2021, l’excellent rapport d’information “Femmes et ruralités” rendu par la délégation aux droits des femmes du Sénat et dont ma collègue Raymonde Poncet-Monge a été la rapportrice, pointait déjà ces inégalités : Déficit d’offre de soins en milieu rural, difficultés d’accès à l’IVG, impact préjudiciable pour la santé des femmes.
Avorter en zone rurale se relève aujourd’hui encore être un véritable parcours de la combattante : Selon le planning familial, depuis quinze ans, 130 centres d’IVG ont fermé leurs portes sur le territoire. Conséquences: un allongement des délais entre la première demande de rendez-vous et la réalisation de l’IVG, une méthode d’avortement parfois imposée ou encore un allongement du temps de trajets.
En 2022, 17% des femmes ayant eu recours à l’avortement se sont rendues hors de leur département: dans les Hautes-alpes ou dans l’Ain, départements limitrophes de l’Isère, ce taux dépasse les 40%. Le département de la Drôme a voté en mars dernier la fermeture de sept centres de santé sexuelle dans un territoire qui en compte 18 au total, et a acté la baisse de 20 % des budgets alloués aux 11 autres centres.
La stratégie nationale de santé sexuelle (SNSS) 2017-2030 lancée par le gouvernement avait pourtant érigé la « proximité » comme principe d’action. Alors que les 11 millions de femmes vivant en zone rurale portent nos territoires, alors qu’elles pallient chaque jour au désengagement croissant de l’Etat, elles sont les grandes oubliées de vos politiques publiques. Madame la Ministre, qu’allez vous faire pour que le droit à l’avortement, puisse être garanti partout et pour toutes ?