En août 2024, l’Etat a finalement abandonné le projet de barrage “Rhonergia”, situé à la limite des départements de l’Isère (commune de Saint-Romain-de-Jalionas) et de l’Ain (commune de Loyettes). Alerté par les élus locaux, notamment le maire de Saint-Romain-de-Jalionas et le président des Balcons du Dauphiné, tous les deux opposés à ce projet, j’avais écrit au gouvernement pour lui demander de renoncer à ce projet, pour plusieurs raisons.

D’une part, la capacité de production de ce barrage était relativement faible (37MW) et représentait à peine 1% de production supplémentaire pour la CNR, alors que l’optimisation des barrages existants permettrait de produire entre 5 et 15% plus d’électricité. En face, son coût était plutôt élevé : 284 millions d’euros. L’électricité produite aurait été deux fois plus chère que celle du barrage de Sarenne, construit actuellement par la CNR. Par ailleurs, le débit du Rhône étant amené à diminuer de 20% d’ici à 2050 selon l’Agence de l’eau du fait du changement climatique, la production aurait probablement été plus faible qu’anticipée.

Surtout, ce barrage aurait été construit dans une des rares zones où le Rhône n’est pas aménagé : l’aménagement du fleuve, la création d’une digue et la modification probable des connexions du Rhône avec ses affluents locaux risquaient de perturber fortement l’équilibre de la faune et de la flore locale (débit plus élevé, disparition de bras secondaires, marais et forêts alluviales…). 

Ainsi, il apparaissait préférable pour les élus locaux, les habitants et les associations environnementales de renoncer à ce projet et d’investir plutôt dans des projets locaux d’efficacité énergétique – et bien sûr dans l’amélioration des barrages existants de la CNR. Je salue donc la décision du gouvernement d’arrêter le projet Rhonergia et ai écrit aux ministres de l’énergie et de la transition écologique, pour leur demander de réaffecter les crédits débloqués, soit 284 millions d’euros sur des projets locaux, comme le gouvernement l’a demandé à la CNR en août 2024.

En ce sens, la Communauté des 47 communes des Balcons du Dauphiné, qui était un territoire directement concerné par le projet de barrage, apparaît toute indiquée pour devenir un territoire pilote, étant déjà fortement engagé et particulièrement proactif sur ces thématiques.

Concernant la sobriété énergétique et les énergies renouvelables, les Balcons du Dauphiné ont pour objectif d’atteindre une indépendance énergétique d’ici 2050. Pour ce faire, le territoire a choisi de développer le photovoltaïque, notamment au travers de la construction d’une société de projet intercommunale et de la création d’une centrale villageoise, Energie Haut Dauphiné, déjà opérante. Par ailleurs, la construction d’équipements publics autonomes en énergie est sur la table. Confrontés à une problématique de manque de logements sur son territoire, les Balcons du Dauphiné souhaitent aussi continuer de pouvoir soutenir la rénovation énergétique de ces derniers.

Concernant les mobilités, le territoire travaille sur le déploiement des mobilités douces et décarbonées. Pour les cyclistes, des travaux permettant le franchissement du Rhône et le raccordement des tronçons de la ViaRhona Ain-Isère sont prévus. La mise en navigabilité et en tourisme de manière écologique d’une portion du Rhône au niveau de la Vallée bleue à Montalieu-Vercieu est également envisagée et permettra de renforcer l’offre de mobilité présente sur le territoire, notamment avec des solutions de transports collectifs en milieu rural peu dense.

Concernant la préservation de l’environnement, la renaturation des berges et l’entretien des ripisylves s’inscrivent aujourd’hui dans la stratégie des aires protégées lancée fin 2024, stratégie prenant en compte le cycle de l’eau. Concernant l’agriculture, plusieurs aides aux changements de pratiques ont été progressivement mises en place suite au lancement de la stratégie alimentaire et agricole en début d’année (aides à l’arrêt de l’usage des pesticides et à la création de filières durables…). L’accès à un foncier communautaire permet aussi de bénéficier de nouvelles exploitations plus respectueuses.

Je me suis donc rendu à Valence, aux côtés du président des Communauté de communes des Balcons du Dauphiné Jean-Yves Brenier et d’autres acteurs isérois, pour participer au comité de suivi de la concession du Rhône le 15 mars, afin d’étudier la réaffectation des crédits du projet Rhônergia. Cette première réunion de consultation du comité de suivi était l’occasion pour les collectivités concernées de faire part de leurs projets et propositions . L’implication territoriale étant une donnée importante du cahier des charges. Nous avons notamment appuyé sur l’importance locale et l’opportunité de s’appuyer sur des territoires pilotes pour accélérer la mise en œuvre de politiques ambitieuses en matière de transition énergétique, de sobriété, de préservation de la biodiversité, de mobilités.

Comité de suivi de la concession du Rhône.

Très en avance sur les sujets de transition et de sobriété énergétique, la Communauté de communes des Balcons du Dauphiné est capable de mettre en œuvre ces projets ambitieux sans délai. Cette dernière peut également compter sur l’accompagnement de nombreux acteurs régionaux, particulièrement performants et déjà impliqués dans le montage de ces projets. Il ne reste donc plus qu’à attendre que l’Etat enjoigne la CNR à financer ces projets d’intérêt général pour la transition écologique du territoire. J’ai demandé un rendez-vous aux ministres de l’énergie et de la transition écologique, avec le Président des Balcons du Dauphiné, pour aborder ces questions et continuerai à me mobiliser pour que ces projets aboutissent.

Crédit photo : Barrage de Bort-les-Orgues, BrunoD23