J’ai eu l’occasion de visiter le Centre Hospitalier Alpes-Isère, établissement public de santé mentale, le lundi 5 mai 2025 avec Monsieur Laurent Amadieu, maire de Saint-Égrève.
Durant cette visite j’ai rencontré le nouveau directeur du CHAI Monsieur Edouard Bourbon ainsi que Dr Elisabeth Gauthier, présidente de la CME et l’équipe de direction, qui m’ont fait visiter un des six pôles de psychiatrie générale et spécialisée que regroupe ce centre hospitalier.
Nous avons pu, durant cette rencontre, échanger sur l’état du soin en psychiatrie et l’avenir du CHAI avec la direction dans un premier temps puis avec les organisations syndicales présentes au sein du CHAI ou travaillant avec cet établissement.
A été soulevé conjointement le problème d’attractivité du médical avec aujourd’hui 40% des postes de médecins en psychiatrie qui restent vacants sur ce centre. Cette pénurie de médecins mais aussi d’infirmier.es (40% également) limite alors le bon fonctionnement du CHAI qui voit sa capacité d’accueil affaiblie et des prises en charge plus longues. Se pose donc un premier objectif de fluidification du parcours des patient.es et de leur prise en charge sans pour autant surcharger les services qui pour certains fonctionnent avec seulement la moitié de leur effectif.
Le manque de prise en charge des patient.es dans les territoires a un impact sur toute la chaîne de soins. Il y a aujourd’hui une nécessité d’améliorer tout le tissu de prise en charge, notamment en ce qui concerne l’urgence psychiatrique et le retour en société après un séjour en centre hospitalier psychiatrique. À ce jour les urgences psychiatriques dans les territoires passent par les urgences classiques, sans unités spécialisées pour la prise en charge de ces patient.es particuliers. On peut alors assister à l’attente de personnes avec des troubles mentaux ou comportements violents dans des salles d’attente d’hôpitaux sans prise en charge spécifiques, entraînant un risque pour le patient, le personnel hospitalier et les autres patient.es.
Une fois admis dans un centre hospitalier se pose alors la problématique de la sortie, car par manque de lits disponibles, les patient.es vont être redirigés au plus vite vers des établissements sociaux d’accueil, augmentant les risques de rechutes et de crises et entraînant de ce fait un retour plus rapide des patient.es au sein du centre hospitalier. C’est un cercle vicieux d’engorgement du secteur social et de perte de la relation d’hôpital qui est alors en place, ne permettant pas aux patient.es d’être suivis de façon pérenne du fait du manque de personnel. Le personnel médical n’a plus la capacité d’exercer pleinement leur métier qui nécessite du temps et de l’accompagnement humain, ajoutant une perte de sens derrière les professions médicales psychiatriques déjà victimes de leur manque d’attractivité.
Cette problématique de la psychiatrie est pourtant un enjeu primordial avec une hausse constante des problématiques de santé mentale depuis le Covid-19. Il est donc primordial d’aider ce secteur aux besoins croissants qui a été désigné comme la Grande Cause nationale par le gouvernement en 2025.