Je suis intervenu mardi 4 mars au nom du groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires lors du débat 50-1 organisé par le gouvernement sur la situation ukrainienne.
J’ai formulé notre soutien et notre admiration pour le courage du peuple ukrainien qui résiste à une invasion indéfendable.
J’ai salué l’action de la France et de l’Union européenne pour aider autant que possible, sans envoyer de soldat, le peuple ukrainien.
J’ai insisté sur notre devoir d’accueil des réfugiés qui fuient la guerre.
Merci Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Madame la Ministre des Armées,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents de commission,
Mes cher.es collègues,
Depuis 6 jours, nous vivons dans un état de sidération. La guerre est de retour en Europe à l’initiative d’une grande puissance nucléaire, qui déploie toutes ses capacités militaires contre un pays souverain.
Nos pensées sont naturellement auprès des Ukrainiens et des Ukrainiennes :
• qui ont déjà perdu des proches, qui ont perdu des enfants,
• qui vivent la peur aux ventre sous les bombes, sous les balles, au son des canons et des sirènes,• qui ont tout abandonné derrière eux pour préserver leur vie et celle de leurs enfants.
Ils et elles sont aujourd’hui les victimes d’une guerre d’agression indéfendable, d’une violation caractérisée du droit international, d’un déploiement de violence par une des plus grandes armées au monde, sous la coupe d’un dictateur impérialiste et révisionniste qui refuse la simple existence de leur Nation.
Nous avons une conscience aiguë de l’extraordinaire courage qui est le leur pour défendre leur État, pour défendre leur Nation, pour défendre leur liberté comme la nôtre et pour défendre la démocratie. Son président Volodymyr Zelensky au courage et au sang-froid extraordinaires, dont le monde entier connaît désormais le nom et le visage, vient nous rappeler une nouvelle fois que bien plus que l’inverse, c’est l’Histoire qui fait les grands hommes.
N’ayons pas peur des mots : le peuple ukrainien est aujourd’hui notre avant-garde sur le front oriental du combat pour la démocratie et la liberté. Cette sombre perspective a permis une prise de conscience généralisée de l’intérêt commun qui lie les démocraties et de la nécessité absolue pour l’Europe de devenir un acteur géopolitique.
Nous saluons les décisions historiques des derniers jours. Le mot n’est pas galvaudé. Nous saluons l’action de la France et de l’Union européenne sous présidence française. Nous nous félicitons de l’extraordinaire unanimité des 27.
Sans le vouloir, Vladimir Poutine a ouvert la mer en deux et le chemin vers une Europe de la Défense que les écologistes ont toujours défendue.
Vladimir Poutine, qui depuis tant d’années joue de nos divisions, n’avait sans doute pas anticipé cet élan d’unité. Il s’était préparé à des sanctions économiques, mais vraisemblablement pas de cette ampleur. Ces sanctions n’épargneront pas le peuple russe, qui dans sa majorité n’a pas choisi cette guerre et qui est pétrifié par cette mise au ban des Nations. Nous lui témoignons notre amitié et notre respect pour sa mobilisation courageuse malgré les interdictions de manifester.
Vladimir Poutine n’avait pas non plus anticipé la résistance militaire. L’héroïsme des Ukrainiennes et des Ukrainiens a empêché une prise rapide du pays. Si Kyiv devait tomber entre les mains de Poutine, il ne pourrait maintenir son contrôle sur une population éprise de liberté. On n’occupe pas un pays contre son peuple.
Nous n’en sommes, cependant, pas encore là. L’urgence est de venir en aide à la résistance ukrainienne. Nous approuvons le soutien financier, opérationnel, humanitaire et les livraisons d’armes que la France, l’Europe et nos partenaires américains lui apportent. Tout comme nous approuvons toutes les sanctions financières contre la Russie et ses oligarques. A ce sujet, nous demandons la plus grande vigilance au Gouvernement sur l’accroissement continu des prix de l’énergie qui en découle. La puissance publique doit protéger davantage nos concitoyens les plus modestes face à cette flambée.
L’urgence est aussi de venir en aide aux réfugiés qui fuient l’Ukraine par millions. A ce titre, nous saluons la volonté de la présidence française de proposer jeudi au Conseil de l’Union européenne, l’activation de la directive “protection temporaire” des réfugiés. La puissance publique doit faciliter le transit de celles et ceux qui veulent rejoindre l’ouest de l’Europe.
Alors que l’Union africaine s’inquiète de la situation des ressortissants africains dont certains seraient bloqués à la frontière par les autorités polonaises et alors qu’un discours nauséabond s’installe doucement, qui qualifierait les réfugiés selon la couleur de leur peau ou leur religion, je veux rappeler ici avec force qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais réfugié, que toute personne, quelle que soit sa nationalité a le droit de quitter un pays en guerre et que nous avons le devoir de l’accueillir. Aussi, nous demandons à la présidence française de faire preuve de la plus grande vigilance sur la situation aux frontières orientales de l’Union et d’obtenir des garanties des pays concernés.
Monsieur le Premier ministre, nous saluons, une fois n’est pas coutume, la démarche de transparence et de concertation que vous entreprenez malgré la complexité de la situation. Nous l’espérons durable. Cette crise conforte notre rapport au monde et à l’Europe et notre attachement à la liberté et à la démocratie.Le chemin de la paix est hélas encore long mais il passera inévitablement par une Europe unie, plus intégrée, en capacité de créer diplomatiquement les conditions d’un avenir pacifique et la sauvegarde de l’intégrité de la nation ukrainienne.