A l’occasion de la présentation de l’excellent rapport de mes collègues Jean-Yves Roux et Ronan Dantec  sur l’adaptation de la France au réchauffement climatique, j’ai  interpellé la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne sur la manière d’encourager l’éco-construction.

Une indispensable nécessité que j’ai eu envie d’illustrer par un sujet concret.

Ce week-end, j’étais invité à la pendaison de crémaillère d’un logement qui devrait vous intéresser. Pour l’alimentation nous parlons du champ à l’assiette, ici cela serait plutôt du champ au logis. Un bâtiment, comportant plusieurs logements, intégré dans son environnement, économe en foncier, écologique et locale. Des matériaux issus du territoire : du bois de nos forêts alpines pour la charpente, des blocs de chanvre pour les murs, de la terre issue des fondations pour les enduits et une toiture végétalisée intégrant des panneaux solaires et permettant la récupération d’eau pour les usages domestiques. Des matériaux biosourcés, trouvés sur place, peu chers, peu transformés dont le bilan carbone est extrêmement faible que ce soit dans leur conception ou leur transport. Mieux, cette maison stocke des quantités de CO2 considérables le bois, le chanvre et la terre étant tous de formidables puits de carbone.

Ces logements passifs, grâce à une isolation performante qui procure un confort thermique inégalable été comme hiver ne nécessite pas ou peu de chauffage. Cette maison respire, son hygrométrie lui permet de rafraîchir et d’assainir l’air ambiant. Pas besoin de système de ventilation gourmand en énergie, ni climatisation.

Et si demain cette maison devait être démolie, elle retournera d’où elle vient : le sol. Ces matériaux complètement biodégradables termineront leur cycle. Quand on sait que le bâtiment produit les 2/3 du déchet du pays, ce n’est pas un détail, surtout après avoir passé une semaine sur une loi qui traitait de ce sujet.

Ces habitations n’ont rien d’exceptionnel, elles relèvent simplement du bon sens, cher à cette assemblée. Du champ au logis, créant dans le même temps des formes architecturales propres à chaque territoire en s’éloignant de l’uniformisation qui a déjà gommé les spécificités de nos régions. Cette habitation vous le conviendrez madame la ministre peut et doit être la maison de demain.

Il est nécessaire pour cela de lever les obstacles pour créer de véritables filières locales de construction écologique. Faciliter les labellisations et avis techniques pour ces matériaux, accompagner la mise en place d’une gestion durable de la ressource bois, valoriser l’utilisation de la paille ou la culture du chanvre encore entravée par une réglementation absurde, adapter la formation des artisans pour les orienter sur de nouvelles techniques en lien avec les besoins et les capacités de leur territoire plutôt que vers la standardisation des géants du BTP.

Voilà Madame la Ministre, une politique concrète à mettre en œuvre, une politique sociale et écologique à même de nous adapter au réchauffement climatique tout en essayant de le contenir. Une politique qui peut être développée à l’échelon local à condition que l’ingénierie et les moyens financiers soient disponibles.