Je suis intervenu Sénat au nom du groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires lors du débat sur la guerre en Ukraine et ses conséquences pour la France.

J’ai dénoncé les crimes de guerre de l’armée russe en particulier contre le civils et contre les femmes, victimes d’atrocités sexuelles.

Je me suis inquiété de la menace nucléaire répétée, militaire comme civil avec les incertitudes qui pèse sur la centrale de Zaporija.

J’ai invité le président de la République a une attitude plus ferme à l’égard de la Russie. La France n’est plus en mesure de se poser en tant médiateur, elle doit assumer son soutien plein et entier à l’Ukraine.

J’ai dénoncé l’action de TotalEnergies en Ukraine, un profiteur de guerre qui va jusqu’à fournir indirectement du carburant à l’aviation russe qui a bombardé Marioupol.

J’ai enfin plaidé pour une ambition française et européenne décuplée en matière de sobriété et de transition énergétique. Notre effort pâtie de notre dépendance aux hydrocarbures et à l’uranium russe !

Pour les ukrainiens, pour le pouvoir de vivre des européens, pour le climat il faut accélérer la transition énergétique !

Merci Monsieur le Président,

Madame la Première Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Président de la Commission,

Mes chers collègues,

Depuis plus de huit mois, le peuple ukrainien résiste héroïquement à l’impérialisme russe. Depuis quelques semaines, son armée a inversé la tendance sur le terrain et commencé à repousser l’envahisseur vers la frontière russe. Qui aurait imaginé ce scénario quand, en février, les colonnes de blindés russes descendaient sur Kiev et que l’on proposait au président Zelensky un sauf conduit pour quitter le pays ? Goliath a des pieds d’argile et David lourdement armé par ses alliées est beaucoup plus grand que ce que l’on escomptait.

La guerre est installée dans tout le sud et l’est du pays et durera encore des mois, alors que l’hiver s’apprête à geler les positions. Le bilan humain, qui malgré les difficultés d’estimation, se chiffre au moins à plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés va continuer à s’alourdir. Les civils ukrainiens payent également un lourd tribut, victimes des bombardements massifs, des attaques des drones kamikazes et des crimes de guerre en tout genre de l’occupant russe, qui fuyant devant la percée ukrainienne a laissé, comme à Boutcha, d’atroces charniers, des fosses communes mal dissimulées qui révulsent le cœur et l’esprit.

Dans ces odieux massacres de civils, les femmes ont comme souvent été victimes d’abominables violences sexuelles. Pramilla Patten, représentante du secrétaire général de l’ONU considère que « le viol, en Ukraine, est bel et bien une arme de guerre », « une stratégie militaire visant à déshumaniser les victimes et à terroriser la population ». Les quelques victimes recensées parmi tant d’autres restées anonymes, ont entre 4 et 82 ans. Effroyable.

L’armée russe ne recule devant aucune barbarie pour tenter de saper le moral du peuple ukrainien. Elle bombarde toujours indistinctement les civiles et distinctement les réseaux électriques pour semer la terreur, l’inconfort et le froid. Madame la Première ministre, à ce jour l’Ukraine ne demande pas d’aide pour réparer ses réseaux électriques, mais le ça échéant, la France et l’Europe sont-elles prêtes à envoyer des techniciens et des groupe électrogènes pour éviter qu’une partie de la population ukrainienne connaisse un hiver glacial ?

Acculée, la Russie ne recule devant rien. Bombardement d’infrastructures civiles, mobilisation partielle, loi martiale, menaces nucléaires répétées, balistiques mais aussi civiles. Il semblerait, qu’à l’heure où nous parlons, les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique n’aient plus accès à la centrale de Zaporijjia, ce qui est, comme depuis le début du conflit, une source aigue d’inquiétude. Cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes est insoutenable. Plus que jamais le monde doit s’engager vers la fin du « cauchemar nucléaire », pour citer, une fois n’est pas coutume le pape François. Je vous reformule notre demande d’adhésion de la France, en tant qu’observateur, au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

L’autocrate du Kremlin joue sa survie et a entrainé le conflit au-delà un point de non-retour. Un monde en paix où Vladimir Poutine demeure président de la Fédération de Russie est une chimère. Nous l’avons laissé agir en Géorgie, nous l’avons laissé agir en Syrie, nous l’avons laissé agir en Crimée. Cela doit cesser.

L’Ukraine doit gagner cette guerre !

Cette victoire sera atteinte quand l’Ukraine aura recouvré ses frontières de 1991, Donbass compris, Crimée comprise ou quand elle décidera que ses objectifs militaires sont atteints.

Toute tentative de médiation avec le dictateur russe semble vaine. Poutine refuse le dialogue et ne comprend que le rapport de force.

La position française des derniers mois a parfois dérouté le Gouvernement ukrainien, comme nombre de nos partenaires européens. Nous demandons au président de la République de ne plus tergiverser, de cesser d’invoquer comme un mantra une hypothétique table de négociations. Cette rhétorique de médiation n’a pas de sens, la France est trop engagée dans le conflit pour tenir ce rôle. Vladimir Poutine se considère de toute façon en guerre contre l’occident, que nous le voulions ou pas. Le rôle de la France est celui d’un soutien ferme et sans ambiguïté à l’Ukraine, au droit international, à la démocratie, à nos valeurs et à la lutte contre le dérèglement climatique tributaire de la victoire de l’Ukraine et des démocraties.

Un soutien plus ferme dans ses mots, un soutien plus ferme dans ses actes. La France, qui est la première armée d’Europe, qui prône l’autonomie stratégique du continent, doit porter son effort d’aide à l’Ukraine à la hauteur de l’ambition géopolitique qui est la sienne, à la hauteur de notre voisin britannique, qui forme 20 000 soldats ukrainiens quand nous en formons 10 fois moins, à la hauteur de notre voisin allemand qui livre des chars d’assauts au pays d’Europe de l’Est pour que ceux-ci puissent céder leurs chars soviétiques à l’Ukraine.

Pour limiter les dégâts des drones iraniens, le 12 octobre dernier, le président de la République annonçait que la France allait fournir à l’Ukraine des système anti-missiles pour se protéger notamment des drones iraniens, où en est la réalisation de cette promesse ?

Cette fermeté doit aussi à s’adresser à nos entreprises, qui continuent leur activité en Russie, au premier rang desquels TotalEnergies, qui contribue indirectement à la fourniture en kérosène de l’armée de l’air russe et donc au bombardement de populations civile. L’énergéticien doit quitter la Russie. Il fait honte à notre pays, quand ses homologues occidentaux ont TOUS annoncé abandonner leurs activités en Russie. Il s’enrichit indûment grâce à l’explosion des cours du pétrole et du gaz, un véritable « profiteur de guerre » comme les dénonçait bravache le président de la République en juin dernier au G7. Madame la Première ministre, comment pouvez-vous, dans ces conditions, refuser encore et toujours de taxer les superprofits des profiteurs de guerre ? Allez-vous au moins faire vôtre l’excellente proposition de notre collègue Boris Vallaud et des députés socialistes de saisir, pour les verser à l’Ukraine, tous les dividendes et autres gains que les entreprises auraient perçus en demeurant sur le sol russe ?

Notre dépendance à l’énergie russe continue d’être notre talon d’Achille dans cette bataille. L’Allemagne dépend de son gaz, nous dépendons de son uranium. Entre 2000 et 2020 la France a importé de Russie 19 245 tonnes d’uranium naturel et 8 213 tonnes d’uranium enrichi. Nous importons près de la moitié de notre uranium du Kazakhstan, pays militairement lié à la Russie. Le dernier arrivage de Russie connu, 52 fûts d’uranium enrichi, date … du 24 août dernier… La prétendue souveraineté qu’offre le nucléaire est une vaste farce.

Le régime de sanctions européennes en pâti et notre effort est loin de ce qu’il devrait être asphyxier économiquement la Russie. L’heure pour le continent, pour le pays est à la souveraineté et à la sobriété énergétique, celle que seule procure le soleil, le vent et l’eau à condition de doter l’Europe de filière industrielles en capacité d’assurer la sa transition énergétique. Aucun plan européen, aucun projet de loi français pour accélérer le développement des énergies renouvelables n’atteindra ses objectifs, si nous ne sommes pas capables de nous équiper nous-mêmes. Avec le plan de relance américain, avec les nouveaux objectifs du Gouvernement chinois, la demande intérieure de panneaux solaires des deux plus grandes économies du monde va exploser. L’Europe doit pouvoir produire les siens !

Plus rapidement, ce sont les mesures de sobriété que nous devons développer. Votre Gouvernement a fait quelques promesses en la matière, mais qui reposent encore beaucoup trop sur le volontariat des entreprises. Il faut davantage de contraintes. Les solutions de court et de moyens termes sont pourtant légions.

Cette sobriété est d’autant plus indispensable que la crise énergétique avait démarré avant la guerre en Ukraine et se poursuivra après impactant toujours plus le pouvoir de vivre de nos concitoyens.

La seule bonne nouvelle dans cette période de grave troubles, c’est que les intérêts vitaux du peuple ukrainien, les intérêts vitaux de nos concitoyens et les intérêts vitaux du climat se rejoignent, voilà un dilemme de moins sur votre bureau : il faut sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles et décupler nos efforts en matière de transition et de sobriété énergétique.

Je vous remercie

PS : Le groupe écologiste a également demandé au Gouvernement d’accueillir les réfugiés russes qui fuient l’appel aux armes de Vladimir Poutine