Prévues les 15 et 22 mars prochain, les élections municipales de 2026 seront un moment majeur de notre démocratie. A l’heure où la légitimité de nos institutions républicaines est souvent mise en cause et que le blocage politique de la France s’approfondit, elles seront un temps de respiration démocratique, où chaque citoyen.ne pourra élire ses représentants à l’échelle communale, qui conserve un lien de proximité très fort. Le maillage des près de 35.000 communes que compte notre pays confère en effet permet en effet d’exercer des mandats particulièrement riches, car en contact permanent avec le quotidien de la population. Ayant moi-même eu la chance d’être maire, et désormais conseiller municipal du Percy (Isère), j’ai profondément apprécié ce lien fort avec la population et la capacité de changer concrètement le quotidien.

Avant d’en venir aux récentes réformes concernant le bloc communal, je souhaite vous rappeler les dates majeures pour ces élections :

1er septembre 2025 : Ouverture de la période de financement électoral (prise en compte des dépenses électorales) et de la période de réserve pour la communication

4 février 2026 : Date limite pour l’inscription en ligne sur les listes électorales pour pouvoir voter aux municipales

6 février 2026 : Date limite d’inscription sur les listes électorales pour pouvoir voter aux municipales

26 février 2026 à 18 heures : Date limite de dépôt des candidatures pour le premier tour

2 mars 2026 : Ouverture de la campagne électorale officielle

14 mars 2026 à 0 heure : Début de l’interdiction de diffusion de tracts et de tout message ayant le caractère de propagande électorale

15 mars 2026 : Premier tour de scrutin

16 mars 2026 : Ouverture de la campagne électorale officielle pour le second tour

17 mars 2026 à 18 heures : Date limite de dépôt des candidatures pour le second tour

21 mars 2026 à 0 heure : Début de l’interdiction de diffusion de tracts et de tout message ayant le caractère de propagande électorale

22 mars 2026 : Second tour de scrutin

Si vous souhaitez être candidat.e, vous trouverez ici les règles de financements et les formations proposées par le CNFPT. Pour effectuer les différentes démarches nécessaires, je vous renvoie à la page dédiée du site de la préfecture de l’Isère.

Une « fatigue municipale » croissante

Néanmoins, ces élections municipales prendront place dans un contexte particulier : celui d’une « fatigue municipale » croissante. Depuis 2020, plus de 2.000 maires, soit 6% des élu.es, ont démissionné en cours de mandat ; c’est un record. Les causes en sont nombreuses : transition organisée, usure, vieillissement et maladies et surtout une conflictualisation de la vie politique locale (surtout perceptible dans les communes de plus de 10 000 habitants).

De fait, nos structures municipales et locales n’ont cessé de gagner en compétences accroissant de fait le degré de responsabilité des élu.es, tout en perdant en moyens financiers. Résultat : il faut toujours plus de créativité, de compétence et de temps pour mener à bien des projets, alors que la conception quasi-bénévole des mandats municipaux n’a pas changé. C’est ce paradoxe qu’il convient d’appréhender, sans pour autant basculer dans une professionnalisation à outrance qui ne correspond pas à l’aspiration démocratique de nos concitoyen.es.

Statut de l’élu.e : des avancées à concrétiser au plus vite

C’est ce que tente imparfaitement de faire la proposition de loi portant création d’un statut de l’élu.e local.e, issue des travaux transpartisans de la Délégation sénatoriale aux collectivités locales, que le Sénat a adopté à l’unanimité au printemps 2024. Ce texte permet des avancées, pour renforcer les indemnisations, les droits à la retraite, améliorer la prise en charge des frais de déplacements, fluidifier la conciliation du mandat avec la vie professionnelle et la vie étudiante… Avec mes collègues du groupe écologiste, nous avons fait de très nombreuses propositions sur ce texte lors de son étude au Sénat et je me félicite notamment de l’adoption d’un amendement prenant en compte les spécificités des contraintes professionnelles des indépendants.

Certes, il aurait fallu aller plus loin et créer un statut digne de ce nom sécurisant les élu.es, en particulier en fluidifiant les allers-retours entre le mandat et la vie professionnelle. Mais c’est une première étape importante. Au début de l’été 2025, le texte a été adopté par l’Assemblée nationale, avec quelques changements, notamment une hausse des indemnités moins forte que prévu. Les députés écologistes, dont Cyrielle Chatelain et Jérémie Iordanoff, ont obtenu quelques avancées, comme la prise en charge des frais spécifiques des élu.es en situation de handicap.

Si l’instabilité politique rend malheureusement l’application de ce texte avant les municipales peu probable, je me mobiliserai au maximum lors de son retour au Sénat, afin que ce chantier aboutisse au plus vite. Bien qu’insuffisante, cette loi constitue en effet une réponse importante à la « fatigue municipale ».

Généralisation de la parité aux élections municipales

En mars 2025, le Sénat a également adopté deux propositions de loi réformant le mode de scrutin pour les élections municipales dans les communes de moins de 1.000 habitants, en y instaurant un scrutin de liste avec obligation de parité. Ensuite adoptée par l’Assemblée nationale en mai, cette réforme met fin au panachage, qui permettait aux électeurs.trices de ces communes de rayer des noms directement sur leur bulletin.

Cette évolution débattue depuis des années était notamment soutenue par l’Association des maires de France, celle des maires ruraux, Intercommunalités de France et le Haut Conseil pour l’Égalité. L’obligation de parité a fait ses preuves dans les autres élections pour faire progresser la part de femmes dans les conseils municipaux et donc mieux représenter la population, j’ai donc voté pour son élargissement aux communes peu peuplées.

Je n’ignore pas les difficultés à constituer une liste et à trouver des femmes motivées, qui ont généralement moins confiance en elles. Néanmoins, sachant que les femmes représentent la moitié de la population et que le scrutin de liste encourage un exercice plus collégial du mandat, je ne doute pas que suffisamment de candidates seront sur les listes l’an prochain. Enfin, en permettant la possibilité de déposer des listes incomplètes (avec un minimum de candidats), cette réforme me semble apporter la souplesse nécessaire. Je me réjouis donc de cette avancée majeure pour la représentation des femmes, dont je vous avais parlé dans un billet dédié sur mon site il y a quelques mois.

Evolution du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille

Enfin, le Parlement a également adopté une réforme du mode de scrutin pour Paris, Lyon et Marseille, qui ont la spécificité de compter des arrondissements. Auparavant, les maires de ces trois villes étaient élues indirectement, par les élu.es de chaque arrondissement. Désormais, les électeur.trices de ces trois métropoles disposeront de deux bulletins (et même trois à Lyon, dont la métropole a un statut particulier), leur permettant de voter directement pour la liste de leur choix pour la mairie centrale et pour leur arrondissement. Cette réforme est cependant passé à côté du débat fondamental du partage des rôles entre mairies centrales et mairies d’arrondissement ou de savoir si d’autres métropoles devraient avoir des arrondissements, comme Toulouse. Plus largement, l’articulation entre les échelons de proximité des communes et la nécessaire coopération intercommunale doit être davantage réfléchie et d’autres réformes seront à porter sur ce sujet dans les années à venir.

Je resterai en tout cas toujours à l’écoute des élu.es et des citoyen.nes pour réfléchir à ces futures évolutions.

Crédits photo en une : Mia Fyu