Alerté par les syndicats de Teisseire sur la situation en interne de cette entreprise fabriquant des sirops depuis plus de trois siècles à Crolles (Isère), je me suis rendu sur place à deux reprises pour échanger avec les salariés, le 20 octobre et le 7 novembre 2025. Cette entreprise pourrait tout à fait être bénéficiaire si le groupe qui en est propriétaire, Carlsberg, lui passait suffisamment de commandes et n’avait pas fait disparaître la trésorerie. Encore une fois, une gestion strictement financière risque de condamner une activité économique importante, impactant plus de 200 familles.
J’ai déposé une question écrite au gouvernement, portant notamment sur l’action de l’Etat pour protéger les salariés et le remboursement des aides publiques perçues par Teisseire, que vous trouverez ci-dessous :
Monsieur Guillaume Gontard interroge M. le ministre de l’industrie sur l’avenir de l’usine de sirops Teisseire de Crolles (Isère) et sur l’action de l’Etat pour aider les salariés.
Ces derniers sont en grève depuis le 9 octobre, où la fermeture du site a été annoncée, menaçant 205 emplois. Or, beaucoup de salariés ont fait toute leur vie professionnelle dans cette entreprise et auront du mal à trouver un autre emploi vu l’effondrement industriel de la France.
D’après la direction, la fermeture de cette usine s’explique uniquement par les péripéties du marché. En réalité, la marque Teisseire est pourtant rentable et les pertes du site de Crolles sont sciemment organisées, la moitié de la production étant sous-traitée, ce qui divise mécaniquement les recettes par deux. D’ores-et-déjà, tous les volumes exportés sont produits par l’entreprise SLAUR SARDET au Havre, où la production de Crolles devrait bientôt être délocalisée.
Pourtant, les sirops Teisseire seront toujours dans tous les supermarchés, preuve de l’attachement à cette marque. Le groupe Carlsberg, propriétaire de Teisseire, entend en effet garder la marque mais sous-traiter intégralement la production, qu’importe si la qualité ne sera pas la même sans l’eau très pure des Alpes.
Par ailleurs, 144 millions d’euros de trésorerie se sont évaporés en un an depuis le rachat de l’ancien propriétaire, Britvic, par Carlsberg. Alors que Carlsberg a réalisé 500 millions d’euros de bénéfices au premier trimestre, les salariés et représentants du personnel demandent légitimement la transparence sur ces mouvements de fonds. Par ailleurs, Teisseire a touché environ 500.000€ par an de Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), des aides publiques qui n’ont au final pas du tout protégé l’emploi, puisque plus de 200 personnes sont aujourd’hui menacées de chômage.
Il interroge donc le ministre sur l’action que peut prendre l’Etat pour empêcher la disparition de cette entreprise de plus de trois siècles, riche en savoir-faire et sur l’aide qui sera apportée aux salariés si elle ferme. Il souhaite aussi que le gouvernement intervienne pour exiger la transparence sur les mouvements de trésorerie du groupe et pour obtenir le remboursement des aides publiques si la fermeture se confirme. Enfin, il souhaite savoir qui prendra en charge les coûts induits par la fermeture du site.
