Communiqué de presse du 30 septembre 2025 :

Après trois mois d’interruption durant lesquels des milliers de dossiers ont été gelés, Ma Prime Rénov est de retour ce 30 septembre. Mais cette énième réforme des aides à la rénovation énergétique des logements s’apparente à un démembrement, tant ses critères ont été réduits. Pour faire des économies de bout de chandelle, le gouvernement Bayrou a détruit encore un peu plus cet outil qui allie pourtant transition écologique, justice sociale et renforcement de notre souveraineté énergétique. Tout a été rogné :

  • le nombre de dossiers à traiter d’ici la fin de l’année a été plafonné à 13 000. Les propriétaires souhaitant se lancer dans des travaux de rénovation sont donc invités à renvoyer leurs projets aux calendes grecques ;
  • le plafond des aides est lui abaissé de 70 000 à 40 000 €, augmentant donc fortement les restes à charge, ce qui exclura nombre de ménages modestes ;
  • les aides seront réservées aux logements classés E, F et G, excluant les 32 % de logements classés D, tandis que le bonus de sortie de passoires thermiques est supprimé ;
  • l’isolation thermique des murs et la chaudière biomasse sortiront du dispositif Ma Prime Rénov Parcours par geste le 1er janvier 2026, mais restent éligibles à la rénovation d’ampleur.

Dans la pratique, ces nouveaux changements vont encore décourager des propriétaires qui réfléchissaient à lancer leurs travaux, perdus dans une paperasserie administrative et condamnés à financer toujours plus de travaux sur leurs deniers personnels. Les ménages pauvres, pourtant les plus touchés par la précarité énergétique et les problèmes de santé causés par une mauvaise isolation de leur logement (en hiver comme en été), en seront évidemment les principales victimes, mais cette révision touchera aussi les ménages plus aisés, pour qui le plafond d’aides est abaissé à 4000 €. Enfin, cette nouvelle réforme encourage la rénovation par geste, sans s’inscrire dans un parcours cohérent de rénovation globale, indispensable pour une bonne gestion de l’argent public.

Outre les propriétaires, cette réforme bricolée sur un coin de table va encore fragiliser toute une filière, majoritairement composée de TPE et PME, qui représente plus de 600 000 emplois et mène de grands efforts pour se structurer. Alors que l’activité dans le secteur du bâtiment est déjà en berne et que nos objectifs de rénovation sont très loin d’être atteints, ce recul est un désastre économique et écologique.

Nous rejettons complètement cette logique austéritaire stupide, qui sacrifie les économies de demain, le pouvoir d’achat des Français et l’environnement au nom de maigres gains immédiats et appelons le Gouvernement à revoir immédiatemment sa copie. Plus que jamais, il faut offrir à la filière et aux propriétaires une visibilité de long terme et un parcours d’aides cohérent. Comme le rappelait mon rapport sur l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique, la lisibilité et la durabilité sont indispensables à une politique efficace de rénovation énergétique. Nous demandons donc à nouveau une loi de programmation pluriannuelle, un budget autour de 5 milliards d’euros par an et des aides ciblées sur la rénovation globale qui ne soient plus réformées en permanence.

Crédits image en une : H&CO