Depuis sa vente en 2020 au groupe Doctegestio (devenu depuis AVEC), la clinique mutualiste de Grenoble est en péril. Les moyens manquent et les soignants et autres personnels témoignent d’une dégradation des conditions de travail et des soins prodigués aux patients. Suite à une plainte déposée par deux syndicats de la clinique (CGT et FO), le président du groupe AVEC, M. Bernard Bensaid, a été mis en examen au début de l’année. Mais les mêmes pratiques continuent. J’ai donc interpellé le gouvernement par le biais d’une question orale ce 2 mars.
Voici le texte de la question orale :
Madame la Première ministre,
Ma question porte sur les pratiques douteuses du groupe AVEC dirigé par M. Bernard Bensaid. Réunissant 400 établissements et employant 12.000 salariés notamment dans la santé et le médico-social, ce groupe risque la faillite suite aux agissements de son patron.
Pendant des années, AVEC a connu une croissance effrénée. Selon un ancien cadre du groupe, M. Bensaid “est comme un gamin qui jouerait au Monopoly”. Son but ? Bâtir un empire qui deviendrait “too big to fail”. Un empire étroitement contrôlé par M. Bensaid et ses proches : le conseil d’administration est exclusivement composé de membres de sa famille et de salariés du groupe, donc subordonnés à M. Bensaid.
Pour faire grossir son groupe, M. Bensaid semble avoir l’habitude de vider la trésorerie des établissements qu’il contrôle. La clinique mutualiste de Grenoble, acquise en 2020, en a fait les frais : le groupe AVEC lui doit déjà 6,5M€ et récupère chaque année 1% du chiffre d’affaires, ce qui est illégal pour un Espic. Toutes les dépenses sont rognées : des lignes téléphoniques sont coupées, les astreintes des médecins ne sont pas payées, un bloc opératoire a été privé d’électrocardiogramme pendant 15 jours. La santé des patients est en danger.
Partout en France, les mêmes pratiques se répètent : fournisseurs et employés ne sont pas payés, taxes et loyers ne sont pas honorés. Ces retards de paiement mettent des centaines de personnes en difficulté. Ces dernières années, les procédures judiciaires s’accumulent pour impayés et non-respect des normes.
Le 12 janvier, M. Bensaid a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. Mais il peut toujours contrôler son groupe indirectement. En octobre, la Première ministre assurait au député Christophe Naegelen qu’il n’y aurait “aucune complaisance, aucune facilité, aucune naïveté des pouvoirs publics vis-à-vis de ce groupe”. Si la justice doit continuer son travail, l’Etat ne peut rester attentiste. Les syndicats de la clinique mutualiste de Grenoble demandent la nomination d’un administrateur provisoire pour assurer le bon fonctionnement de l’établissement et éviter de nouvelles ponctions de trésorerie. Le gouvernement entend-il accepter cette demande ?