Pour porter la voix de notre nouveau groupe « Ecologiste – Solidarité & Territoires » au Sénat, je me suis porté candidat à la présidence du Sénat.

Sans surprise, Gérard Larcher a été réélu pour un quatrième mandat, devant Patrick Kanner – PS (65 voix), Eliane Assassi -CRCE (15 voix). Avec 13 suffrages obtenus, notre groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires de 12 membres a déjà su convaincre au-delà de ses rangs.

Retrouvez ma profession de foi :

Mesdames et Messieurs les Sénatrices et Sénateurs, mes chers collègues,

Je souhaite tout d’abord adresser mes plus vives félicitations aux collègues nouvellement élus ainsi qu’à celles et ceux qui ont été reconduits dans leur mandat dimanche dernier. J’ai également une pensée pour celles et ceux pour lesquels le verdict des urnes fût défavorable et celles et ceux qui ne se sont pas représentés. Comme vous pouvez l’imaginer, à titre personnel, je me réjouis du retour d’un groupe écologiste au Sénat à l’issue du scrutin de dimanche.

Ce nouveau groupe, construit autour d’Europe-Ecologie-les-Verts, que j’ai l’honneur de présider, rassemble des élus écologistes et régionalistes, représentant Europe-Ecologie-les-Verts, Génération.s, Ensemble sur nos Territoires, Femu a Corsica. Au regard des débats qui traversent notre pays depuis des années, la renaissance du groupe vient corriger une anomalie démocratique. Ce groupe vient traduire la volonté de nombre de nos concitoyennes et de nos concitoyens de porter haut et fort un projet écologiste et régionaliste ancré dans un impératif de justice sociale, d’égalité, de défense des libertés individuelles et publiques et de refondation démocratique. Nous ne manquerons pas de combativité pour y parvenir.

A l’heure de l’urgence climatique ; à l’heure où l’on assiste à une érosion sans précédent de notre biodiversité ; à l’heure où la crise économique et sociale s’annonce et où les inégalités explosent ; à l’heure où les revendications sociétales, féministes et antiracistes, affirment le besoin d’égalité ; à l’heure où les migrants se noient en Méditerranée ; à l’heure où la crise sanitaire au sujet de laquelle les écologistes n’ont pas manqué d’alerter, met rudement à l’épreuve notre résilience, à l’heure où notre démocratie vacille, il nous semble indispensable de proposer un projet fédérateur à même de recréer l’espoir d’un monde d’après.

C’est au nom de cet espoir incarné par mon groupe que je vous présente ma candidature pour présider aux débats de notre haute Assemblée. Mais, vous vous en doutez, nous ne partageons pas les mêmes convictions que la majorité sénatoriale sortante et il nous semble essentiel, au nom du débat démocratique, de lui porter une contradiction écologiste. Parmi nos désaccords avec la majorité sénatoriale, il en est un qui me tient tout particulièrement à cœur c’est notre  vision de la ruralité, du rapport au territoire, raison d’être de notre assemblée.

Je suis un élu alpin. Avant d’être sénateur j’étais pendant près de 10 ans maire du Percy, commune de montagne de quelques 180 habitants. L’un de ces 500 000 élus que nous représentons et qui font vivre au quotidien nos communes, notre République et notre démocratie. Pendant dix ans, j’ai porté concrètement des politiques rurales, pragmatiques et innovantes défendant une transition écologique durable respectueuse de l’humain et de l’environnement. Un maire qui ne compte pas son temps au service de la collectivité, un maire qui se retrousse les manches pour aller colmater une fuite ou réparer une chaudière.

Je suis l’élu d’un territoire, le Trièves, au sud de Grenoble qui compte parmi les plus petites intercommunalités de France. Un territoire où la transition agricole est déjà bien avancée, où les agriculteurs bio écoulent l’essentiel de leur production en vente directe et gagnent suffisamment leur vie pour partir sereinement en vacances. Un territoire enrichi par cette économie de circuits-courts, où de plus en plus de maisons biodégradables sont construites en bois, en chanvre, en paille et en terre des alentours. Un territoire où des coopératives énergétiques se mettent en place pour assurer durablement la souveraineté énergétique. Un territoire où la transition écologique développe l’activité et l’emploi local permettant le maintien et l’arrivée des familles. Un territoire vivant. Un territoire résilient. Un territoire de partage où il reste naturellement beaucoup à faire.

Ceci est mon exemple mais il y en a tant d’autres semblables qui ne correspondent pas du tout au discours quelque peu caricatural et parfois même misérabiliste que l’on entend souvent dans notre hémicycle.

Je sais la capacité de nos territoires à se revitaliser et connais toute l’audace et l’inventivité dont les acteurs locaux sont capables pour développer des solutions visant, notamment, à réduire la fracture territoriale. A ce titre en zone rurale, comme en zone urbaine, la transition écologique est un formidable vecteur d’innovation, de transformation économiques et sociales. Il est plus que temps de donner l’autonomie qu’elles réclament à nos régions, d’engager une nouvelle étape de la décentralisation républicaine, pour leur permettre d’être les acteurs de la transition. Défendant le projet porté les écologistes depuis un demi-siècle, nous tenterons sans relâche de convaincre la majorité sénatoriale que le salut de nos campagnes, comme de nos villes passe par la transition écologique, passe par la coopération plutôt que par la compétition.

Au-delà de nos divergences de projet, l’autre désaccord que nous avons avec le président Larcher est notre vision du Sénat. Le bicamérisme est une incontestable richesse pour la République, mais pourtant notre institution est souvent méconnue et mal aimée. Force est de constater que cette chambre a été un contre-pouvoir institutionnel utile ces trois dernières années mais son manque de représentativité de genre, de situations sociales et de l’équilibre politique de la société actuelle saute aux yeux et demeure ainsi l’un des symboles de la crise de la représentation.

Intégrer au Sénat les exigences du temps long concentré sur les défis du siècle comme le dérèglement climatique, oxygéner quelque peu la représentation de notre assemblée, y faire entrer l’expertise citoyenne et des corps intermédiaires, toutes ces mesures nécessiteraient une VIe République qui repense le rôle de la chambre haute à l’aune des défis du siècle.

Mais sans attendre ce big bang institutionnel, nous pouvons rendre aux Françaises et Français les clés de ce Palais afin qu’il devienne un véritable lieu d’expression démocratique nourrie par la pluralité des visions émanant de la société civile, des élus locaux, de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Droit d’amendement citoyen, proposition de loi citoyenne, grâce aux outils numériques notamment, nous pouvons faire du Sénat un laboratoire démocratique, expérimenter des formes de coproduction législative et élaborer des formes de démocratie collaborative à même de retisser le lien entre la France et son parlement.

Mes chers collègues, c’est pour faire du Sénat la chambre de la parole écologiste, de l’innovation démocratique, de la défense des droits humains et des territoires comme de leurs identités qui font la richesse de la France que je vous soumets, au nom du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, ma candidature à la présidence du Sénat.