Dans le cadre de l’exercice de mon mandat de parlementaire, je me suis rendu le 8 juin 2022 pour visiter le local de la Police aux Frontières (PAF) situé à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. J’étais accompagné de Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin et de Clara Nahmani, conseillère commission des lois. Cette visite a été suivie par celle de la zone d’attente de Roissy Charles de Gaulle le même jour. Ces visites m’ont permis de cibler les défaillances de notre système concernant l’accueil des migrants.

A travers différents dialogues avec, notamment, les agents de la PAF, les médiateurs de la Croix Rouge et le chef de la zone d’attente pour personnes en instance (ZAPI), j’ai été informé d’un manque de personnels, de moyens et de locaux qui ne permettent pas des conditions d’accueil dignes. L’aéroport était en grève lorsque je m’y suis rendu et actuellement, deux services de contrôle sont fermés à l’aéroport alors que l’effectif de voyageurs est le même qu’en 2017. La crise sanitaire a accentué ce dysfonctionnement de la PAF en leur ajoutant une charge supplémentaire par la multiplication des contrôles. De plus, la réactivation des frontières intérieures depuis 2015 liée au terrorisme a désormais des impacts dramatiques, elle est désormais dévoyée et orientée sur la question du “risque migratoire”.

Les agents disposent actuellement d’une liste de pays à contrôler plus ou moins rigoureusement, qui n’est pas du tout représentative des pays de provenance des personnes radicalisées. Les zones de maintien, autrement dit des zones d’attentes pendant que les agents montent un dossier, ressemblent à des salles de garde à vue, qui nous dérange lorsque l’on sait que ces personnes n’ont commis aucune infraction. Des conditions d’attente et de contrôle qui bafouent une nouvelle fois les droits humains. Seul point positif, les personnes ont le droit à des interprètes dès le début de leurs contrôles. Cependant ces traducteurs proviennent de sociétés privées, ce qui montre les défaillances de notre service public.

La visite de la ZAPI, dans la suite de la journée, illustre une nouvelle fois combien les conditions d’accueil de ces personnes sont loin d’être honorables. La réception des bagages dans l’humidité à l’extérieur n’exclut pas les vols, une qualité de repas qui semblait médiocre, une salle de jeu pour les enfants indisponible depuis plusieurs jours, des toilettes et des douches sans présence de lavabos et l’absence de laverie nous ont montré les limites des ZAPI telles que nous les connaissons aujourd’hui. Cette énumération, qui pourrait être poursuivie, nous a confirmé qu’être accueilli en France ne permet pas de vivre dignement et de percevoir des droits. Cette politique migratoire et ces conditions d’accueil doivent changer pour le bien de tous.