Mise à jour du 10 avril 2025 : le tribunal de commerce de Lyon a finalement tranché en faveur de l’offre de reprise du groupe chinois Wanhua, qui ne conservera qu’une cinquantaine de salariés sur 450 et ne gardera pas l’activité stratégique de sel industriel. Je regrette profondément que l’option de reprise en SCIC n’ait pas été retenue et surtout que le gouvernement soit resté aussi inactif sur le sujet, alors que les enjeux sont énormes. Le ministre de l’industrie et le Premier Ministre portent l’entière responsabilité de ce fiasco industriel, qui aurait pu être évité.

Depuis septembre 2024 et le placement en redressement judiciaire de l’entreprise chimique Vencorex, je n’ai cessé de me mobiliser, avec les salariés, les élus locaux (notamment le maire de Jarrie et le Président de la Métropole Grenoble Alpes) et mes collègues députées Cyrielle Chatelain, Marie-Noëlle Battistel et Elisa Martin, pour que l’Etat réagisse. Le caractère éminemment stratégique de cette entreprise n’est plus à démontrer : le sel qu’elle purifie sert ensuite à produire du matériel pour le nucléaire civil, du carburant pour nos fusées Ariane, nos missiles de dissuasion nucléaire. Alors que « l’économie de guerre » et « l’autonomie stratégique » sont sur toutes les lèvres, comment peut-on abandonner une industrie aussi stratégique ?

Malgré de très nombreuses réunions avec le ministre de l’industrie et le cabinet des Premier ministre Barnier et Bayrou, une longue grève des salariés de Vencorex et le lancement d’un plan social chez Arkema Jarrie – comme nous le redoutions – le gouvernement ne fait toujours rien. Le ministre Marc Ferracci n’est pas venu une seule fois sur le site en sept mois ! Le Premier ministre a lui balayé d’un revers de main notre demande de nationalisation temporaire, qui est pourtant la meilleure solution pour redonner de l’oxygène à Vencorex, éviter sa disparition programmée et la rendre à nouveau rentable d’ici quelques années.

Sa lettre de refus de nationalisation est lapidaire et ne donne aucun argument sérieux. Le coût d’une nationalisation temporaire, chiffré entre 200 et 300 millions d’euros sur 10 ans est minime par rapport aux coûts gigantesques d’un démantelement : dépollution du terrain, indemnisation des salariés et tests des nouveaux missiles avec du sel importé de l’étranger coûteraient au moins 4 milliards d’euros ! Signer ainsi la mort d’une industrie stratégique, sans même avoir sérieusement étudié d’autres solutions est une insulte aux salariés et à toute la filière chimique française.

Malgré le manque total de volonté du gouvernement, nous refusons de laisser tomber Vencorex. Ma collègue Cyrielle Chatelain a déposé un texte sur la nationalisation à l’AN pour qu’un débat démocratique puisse avoir lieu sur cette question, elle attend encore une dizaine de signatures, de la part des macronistes et des Républicains pour pouvoir l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée. Nous en appelons donc tous les parlementaires soucieux de notre souveraineté à signer et soutenir ce texte transpartisan.

En parallèle, les salariés de Vencorex, épaulés par la CGT chimie, portent un projet de reprise en coopérative (SCIC), discuté notamment avec la Métropole de Grenoble et des investisseurs locaux. Cette seconde option, pour laquelle le tribunal de commerce de Lyon a accordé un indispensable délai supplémentaire, est également prometteuse. L’espoir de sauver Vencorex, notre chimie grenobloise et notre souveraineté industrielle française n’est pas mort. Mais le gouvernement doit réagir au plus vite, son inaction est profondément coupable.