Les substances perfluoroalkylées ou polyfluoralkylées (PFAS) sont partout. Vêtements, mousses à incendie, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine… Ces molécules aux propriétés chimiques particulièrement intéressantes (imperméabilité, effet antitache et anti adhésif) sont utilisées dans nombre de produits de la vie courante. Hélas, celles-ci sont également toxiques et ne dissolvent pratiquement pas. On les retrouve ainsi dans de nombreux cours d’eau, lacs ou nappes phréatiques ou les sols, contaminés pour l’éternité. C’est particulièrement le cas dans les régions industrielles, comme le bassin grenoblois (Champagnier, Pont-de-Claix…) et la plateforme chimique de Chasse-sur-Rhône, à l’ouest du département de l’Isère.

Cette eau polluée est alors consommée par des êtres humains ou sert à faire pousser des légumes qui nous nourrissent. Or, à terme, une forte exposition à ces molécules peut entraîner de graves problèmes de santé, tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, de l’infertilité et des cancers. Il est donc indispensable de nous mobiliser pour les combattre.

Dès les premières révélations médiatiques et scientifiques autour de ces “polluants éternels”, les écologistes se sont mobilisés sur la question. Nous avons d’abord mené des tests sur des cheveux afin de déterminer le niveau de contamination au sein des groupes parlementaires, mais aussi sur le terrain, notamment en Isère, par le biais de ma collègue écologiste Cyrielle Chatelain, députée de la deuxième circonscription du département. Les résultats sont sans appel : tout le monde ou presque est contaminé. Dès lors, il nous fallait réagir.

Dès 2021, dans le cadre de la Loi Climat et Résilience, j’avais déposé un amendement pour rendre obligatoire la mesure des PFAS dans l’eau, afin de pouvoir disposer de données et de protéger les populations. J’avais également demandé d’ajouter les PFAS à la liste des substances assujetties à la redevance eau, afin de faire financer la dépollution par les entreprises de chimie qui ont produit ces molécules. Enfin, j’ai déposé, avec mes collègues écologistes du Sénat, un amendement pour inclure une enveloppe de 10 millions d’euros dans le budget 2024 pour la prévention des risques et la recherche sur ce sujet. Malheureusement, tous ces amendements ont été écartés.

Plus récemment, nos collègues écologistes à l’Assemblée nationale se sont saisis du sujet et ont rédigé une proposition de loi avec plusieurs objectifs. D’abord, il faut arrêter d’en produire. Nous demandons donc leur interdiction d’ici 2025 pour celles pour lesquelles il existe une alternative et de toutes les autres en 2027. Quelques dérogations sont toutefois prévues dans les domaines de la santé et de la transition énergétique. Ensuite, le niveau de risque doit être mieux connu, nous demandons donc de rendre sa détection dans l’eau potable obligatoire à partir de 2025. Enfin, il faut nous atteler à la dépollution des nappes et des sols contaminés et faire payer les industriels qui ont produit ces molécules. La proposition de loi instaure donc une nouvelle taxe sur le principe du “pollueur payeur”.

Actuellement discutée par l’Assemblée nationale, cette PPL est en mesure de remédier enfin à cette situation dramatique, à condition toutefois de ne pas être réécrite par les lobbys de la chimie. Nous serons donc extrêmement vigilants sur ce sujet et reprendrons le texte au Sénat si celui-ci est adopté prochainement par les députés.

Crédits photo : Jacek Dylag