Depuis des mois, les salariés de toute la filière chimique iséroise craignent une fermeture de l’entreprise Vencorex, qui aurait des effets en cascade sur tout l’écosystème industriel local. Une solution de bon sens, moins coûteuse que les alternatives, existe : la nationalisation temporaire, pour relancer l’entreprise. Pourtant, le gouvernement s’y refuse toujours.

Le 29 janvier, j’ai posé une question au ministre de l’économie, qui remplaçait le Premier Ministre François Bayrou, sur le sujet. A nouveau, il ne m’a pas répondu et refuse d’étudier l’hypothèse d’une nationalisation. Vous pouvez retrouver ma question ci-dessous sous format texte et en vidéo.

Monsieur le ministre,

Je souhaitais m’adresser au Premier ministre en tant qu’expert en planification. Vos prédécesseurs parlaient sans cesse de réindustrialisation, mais l’urgence aujourd’hui est surtout d’arrêter l’hémorragie industrielle. Ce secteur de millions d’emplois et de souveraineté dans des domaines stratégiques a plus que jamais besoin d’un plan.

Pendant que le CAC40 reverse 100 milliards à ses actionnaires, les plans de licenciements s’accumulent dans toute la France, y compris dans des entreprises rentables. Michelin, les fonderies de Bretagne, General Electric, ArcelorMittal, Photowatt… Au total, la CGT a recensé 300 plans en cours, pour un total de 300.000 emplois menacés ! Alors que le chômage a augmenté de 3,9% au dernier trimestre, une hausse inédite en 10 ans, votre doctrine reste inflexible : poursuivre le libre-échange et la politique de l’offre, c’est-à-dire distribuer des milliards sans aucune stratégie ou contrepartie.

En Isère, la situation de Vencorex est un cas d’école des effets dominos dans la filière chimique, d’une ampleur sans précédent : sa fermeture annoncée sert de prétexte aux industriels de la filière, dans une visée de profits à court terme, pour licencier et délocaliser. Déjà un plan de licenciement chez Arkema. A terme, plus de 6000 emplois risquent d’être sacrifiés.

Sans engagement volontariste de l’Etat, c’est notre souveraineté en matière nucléaire, d’aérospatial et de défense que nous abandonnons. L’Etat peut et doit agir : depuis des mois, les salariés et les élus locaux, de manière transpartisane, réclament une nationalisation temporaire pour relancer l’activité. Une nationalisation chiffrée à 200 millions d’euros, en comparaison, l’utilisation de sel importé implique des essais de validation de missiles nucléaires dépassant le milliard d’euros. Et je ne parle pas de la dépollution des sites industriels et des risques environnementaux dans le transport de matières dangereuses.

Monsieur le ministre, ne pas agir, c’est faillir. Avec la nationalisation, vous avez entre les mains un outil unique de planification. 

3 questions simples au Premier ministre : 

  • Va-t-il reprendre la main sur ce dossier ?
  • Va-t-il venir sur le site ?
  • Allez-vous nationaliser Vencorex ?