Havres de biodiversité exceptionnels, mais aussi source importante de tourisme durable, les 11 parcs nationaux français sont d’une richesse incroyable. Leur histoire remonte à plus d’un siècle, avec la création du « parc de la Bérarde » en 1913, qui deviendra l’actuel parc des Ecrins. Là encore, l’Isère a été pionnière dans la préservation de l’environnement. Depuis 10 autres ont suivi, en métropole et en Outre-Mer : Cévennes, Calanque, Mercantour, Réunion, Forêts, Pyrénées, Guyane, Guadeloupe, Vanoise et Port-Cros.
Gérés sous forme d’établissements publics, administrés localement en partage avec l’État, sont agiles et ancrés sur les territoires, ces parcs nationaux remplissent une mission d’intérêt général, de préservation partagée de la biodiversité remarquable et des autres patrimoines (paysager, archéologique, culturel…). Tous les acteurs de ces territoires exceptionnels participent aux discussions au sein des instances : communes, habitants, propriétaires, agriculteurs, forestiers, socio-professionnels… Ce travail en commun est un atout formidable pour faire cohabiter la protection de la nature avec les activités humaines et économiques sur place. Un modèle donc bien huilé qu’il convient de ne pas toucher.
Et voilà pourtant que le gouvernement et la droite sénatoriale, dans leur recherche bornée d’économies budgétaires en sacrifiant les services publics plutôt qu’en mettant à contribution les plus grandes entreprises et les plus grandes fortunes, veulent s’attaquer à ces institutions. Dans son rapport sénatorial sur « les missions des agences, opérateurs et organismes consultatifs de l’État », une commission d’enquête dirigée par le groupe Les Républicains propose ainsi de supprimer plusieurs institutions écologiques : l’Ademe, les 11 établissements publics gérant les parcs nationaux et le Conservatoire du littoral.
Certes, une suppression pure et simple des Parcs nationaux n’est pas évoquée, mais le statut des établissements publics qui les gèrent est directement visé. Va-t-on vers une énième fusion, qui engendrerait des changements bureaucratiques interminables et très coûteux, et se ferait évidemment en supprimant des moyens financiers au passage ?
Or, comme bon nombre d’autres institutions, les Parcs nationaux ont déjà dû encaisser la suppression de 20% de leurs effectifs depuis 2010, alors même qu’un nouveau parc national (celui de Forêts) a été créé entre-temps. Ces emplois en moins ont complexifié les missions des personnels restants, qui ont des zones immenses à protéger. Leur budget total est de 74,5 millions d’euros par an… Imagine-t-on vraiment que gratter quelques millions sur ces dépenses va améliorer quoi que soit à la situation de nos finances publiques ?
Je m’oppose donc fermement à cette austérité aveugle et stupide et ferai tout pour éviter ces nouvelles attaques contre la biodiversité dans leurs sanctuaires que sont les Parcs naturels nationaux. Une pétition, déjà signée par plus de 60.000 personnes, a d’ailleurs été lancée par les agents de ces parcs, auquel je souhaite apporter tout mon soutien. Je vous invite à la signer pour peser dans les prochains débats budgétaires, afin d’éviter une tragique disparition de nos parcs.
Crédits photo en une : Marc Mongenet (Wikimedia Commons)