A la suite d’une série d’accidents de chasse tragiques, touchant de nombreuses personnes qui ne pratiquent pas la chasse (vététistes, promeneurs…), une pétition a été déposée sur le site du Sénat par l’association Un jour un chasseur pour demander une plus grande sécurisation de cette activité. Celle-ci ayant rapidement dépassé le seuil de 100.000 signatures, la chambre haute a réuni une mission d’information sur le sujet, qui a réalisé de auditions et des déplacements sur le terrain, puis formulé des propositions. Mon collègue Daniel Salmon, sénateur d’Ille et Vilaine, y a représenté le groupe écologiste.

Si certaines propositions relèvent du bon sens, voire de l’évidence, tel que la création d’un délit d’alcoolémie durant la chasse, le renforcement de la formation à l’usage des armes, l’apprentissage des gestes de premiers secours aux chasseurs ou le retrait immédiat du permis de chasse en cas d’homicide, ces propositions ne vont cependant pas suffisamment loin. Nous regrettons notamment que l’instauration d’au moins un jour hebdomadaire sans chasse n’ait pas été abordée, alors qu’il s’agit d’une revendication phare des associations et que cette mesure est déjà appliquée avec succès dans de nombreux pays voisins de la France. La prolifération du gibier, alors même que les chasseurs sont investis d’une mission de service public de régulation de ce dernier, mériterait également une étude profonde sur l’inefficacité des plans cynégétiques déployés depuis près de 50 ans. Nous avons donc demandé une commission d’enquête à ce sujet, ce qui a été refusé. Enfin, la création d’un délit d’entrave à la chasse, qui vise directement les associations anti-chasse, est une mesure liberticide qui ne permettra en rien d’apaiser la situation. Or, la mission d’information ne devait justement pas rentrer dans un débat pour ou contre la chasse.

Ainsi, nous avons voté contre le rapport et ses préconisations, très insuffisantes, voire contre-productive. Les écologistes du Sénat ne réclament pas l’abolition de toutes les formes de chasse, mais bien un encadrement strict des armes, des procédures de tir, des sanctions proportionnées et l’interdiction de la chasse dans certaines zones, sur certaines périodes et contre certains animaux. Cette position nuancée rejoint ce qui se fait déjà dans la plupart des pays européens, où le cadre légal est plus strict, les accidents bien moins nombreux et où la chasse ne fait pas l’objet d’un rejet aussi fort qu’en France. Dans l’intérêt de toutes et tous, chasseurs y compris, il est nécessaire d’avancer sur cette question pour éviter de nouveaux drames, dénouer les tensions entre chasseurs et opposants à cette pratique et partager équitablement les usages des espaces naturels. Cédant très fréquemment au lobby de la chasse, le gouvernement ne prend malheureusement pas cette voie et prend le risque d’aggraver la situation. Nous continuerons donc de porter des revendications en faveur de la sécurité, du partage de la nature et de l’apaisement.

Lien vers le rapport de la mission d’information du Sénat.