Emploi précaire, éco-anxiété, confinements, angoisse du déclassement, guerre, incertitudes sur l’avenir… Le système néolibéral met nos nerfs à rude épreuve. Dans un monde de plus en plus instable et incertain, avec des protections qui semblent se réduire, nombre de nos concitoyens sont en mauvaise santé mentale. Tous les personnels du secteur en témoignent : le nombre de patients est en forte hausse, surtout depuis les confinements. A l’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève, c’est par exemple 30 à 40% de patients en plus par rapport à la période pré-Covid. Face à cet afflux, et alors que les psychologues manquent, les personnes ont tendance à être prises en charge de plus en plus tardivement, avec un état de plus en plus compliqué à résoudre, parfois à la limite du suicide.
Si leur souhait d’accompagner les patients est entier, le moral des soignants du secteur n’est cependant pas très bon lui non plus. En effectifs insuffisants et trop peu payés, ils sont de plus en plus nombreux à partir, accentuant la pression sur le personnel restant. Le 3 octobre dernier, aux côtés de Jérémie Iordanoff, député de la cinquième circonscription de l’Isère, et de Laurent Amadieu, maire de Saint-Egrève, je me suis donc rendu à l’hôpital psychiatrique de la commune pour échanger avec la direction et les syndicats. Tous étaient particulièrement inquiets et demandent des moyens à la hauteur des besoins des patients, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Je porterai évidemment ces revendications lors des débats sur le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS). Je suis également intervenu dans le journal de France 3 Alpes pour évoquer la situation.
Au cours du mois d’octobre, j’ai également rencontré les professionnels de la Mutualité Française travaillant autour des addictions. Là encore, la tendance générale est à la hausse, surtout depuis les confinements, qui ont rompu le suivi de certains patients, favorisé les rechutes et entraîné d’autres personnes fragiles vers les addictions de tout type (alcool, cannabis, tabac, cocaïne, jeux d’argent…). Outre l’usage de substances, la progression de la dépendance aux écrans, parfois dès la maternelle, est extrêmement préoccupante. Les discussions avec les soignants ont été très enrichissantes et ont notamment rappelé l’importance de politiques de prévention plutôt qu’uniquement des politiques de traitement des addictions, dans une double logique d’économies budgétaires et de préservation de la santé de la population.