En cette Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, j’ai déposé une question écrite pour interpeller le gouvernement sur les moyens mis en place pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes. Si plusieurs évolutions législatives positives ont eu lieu ces dernières années, tout dernièrement en inscrivant le non-consentement de la victime dans la définition du viol et des autres agressions sexuelles, un gros travail reste à faire en matière de justice pour les victimes de ces violences. En effet, la loi n’est rien sans moyens suffisants pour la faire vivre. Or, sur ce sujet, comme avec beaucoup d’autres, les moyens manquent encore cruellement. Vous trouverez ci-dessous le texte de ma question :
M. Guillaume Gontard interroge Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur les moyens supplémentaires que comptent mettre en oeuvre le Gouvernement pour lutter de manière structurelle et efficace contre les violences faites aux femmes.
En France, d’après l’association Nous Toutes, 152 femmes ont été tuées en raison de leur genre en 2025. La moitié d’entre elles habitaient en zone rurale et plus de la moitié d’entre elles avaient déjà déposé plainte pour dénoncer des violences.
D’après l’Observatoire national des violences faites aux femmes, près d’une femme sur trois subit des violences conjugales ou sexuelles au cours de sa vie. Les femmes en situation de handicap et les femmes exilées ont une probabilité deux fois plus élevée de subir ces violences.
En 2024, les équipes du 3919 ont reçu plus de 100 000 appels de femmes subissant des violences, psychologiques, physiques, économiques ou sexuelles. Dans sa dernière étude sortie le 24 novembre 2025, l’Ifop révèle que 24 % des femmes interrogées ont indiqué avoir déjà subi des violences économiques au sein de leur couple.
D’après les données de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences, 1 283 femmes ont été victimes de féminicide ou tentative de féminicide, direct ou indirect, en 2024. Elles sont 376 000 femmes majeures à déclarer avoir été victimes de violences au sein du couple en 2024. D’après le rapport du ministère de l’intérieur de 2022, la très grande majorité des violences conjugales sont commises sur des femmes par des hommes. En effet, sur plus de 117 000 personnes mises en cause dans des affaires de violences conjugales en 2022, 87 % d’entre elles étaient des hommes. Sur les 37 800 personnes condamnées en 2022 pour des violences au sein du couple, 94 % étaient des hommes.
Concernant les violences sexistes et sexuelles, 1 371 000 femmes majeures ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel, d’exhibition sexuelle ou d’envoi d’images à caractère sexuel en 2023. Elles étaient 277 000 femmes majeures à déclarer avoir été victimes de viol, de tentatives de viol ou d’agressions sexuelles en 2023. Pourtant, 94 % des plaintes pour viol sont classées sans suite et 95 % des mis en cause sont des hommes.
Parmi les 110 125 victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2023, 91 % des victimes majeures de violences sexuelles enregistrées sont des femmes et 54 % des victimes de violences sexuelles sont mineures, dont 83 % de filles.
Il rappelle que ces violences sont un fait de société et non un fait privé. En conséquence, elles requièrent une réponse ferme de l’État et des pouvoirs publics.
Malgré l’explosion de ces violences genrées, systémiques et structurelles, les moyens consacrés aux politiques de prévention, d’éducation, à la justice, à la protection effective des victimes, à la poursuite et à la condamnation des auteurs ne cessent de diminuer.
Plus de 70 % des associations féministes déclarent faire face à une dégradation de leur situation financière, menaçant la continuité de leurs actions, d’après l’enquête « Ne leur fermons pas la porte » réalisée par la Fondation des Femmes auprès de 148 associations répondantes. Malgré les alertes répétées, le projet de loi de finances pour 2026 ne prévoit aucune hausse des crédits consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes, alors même qu’un budget de 3 milliards d’euros serait nécessaire.
Les associations qui prennent en charge les femmes victimes de violence, comme les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et l’association France Victimes, tirent la sonnette d’alarme.
Le 16 septembre 2025, le groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique chargé de suivre la mise en oeuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) a pointé les graves lacunes de la politique menée par la France en la matière.
Les experts ont notamment appelé l’État à « renforcer la réponse policière et judiciaire » et à « améliorer la coordination, le financement et l’évaluation des politiques de lutte contre les violences à l’égard des femmes ». Concernant l’élaboration et la mise en oeuvre de ces politiques, le comité a également appelé la France à prendre en compte les multiples discriminations subies par les victimes. Le comité a souligné la nécessité de s’assurer que les associations spécialisées « disposent de ressources suffisantes » pour fonctionner et a rappelé l’importance de « poursuivre le renforcement de la formation initiale et continue de toutes et tous les professionnel·les en contact avec les victimes et auteurs de violence à l’égard des femmes ».
Le comité a également recommandé que « des mesures supplémentaires soient prises pour assurer la sécurité des victimes de violences conjugales et de leurs enfants », notamment lors de la prise de décisions concernant les droits de garde et de visite.
Il l’interroge sur les moyens que compte déployer le Gouvernement pour appliquer ces recommandations et lutter efficacement contre les violences faites aux femmes.
Crédits photo en une : Mélodie Descoubes
