L’épidémie de grippe aviaire dans les élevages de volailles a conduit à l’abattage de 16 millions d’animaux, un triste record. La densité dans les élevages intensifs est clairement en cause, conduisant à de véritables désastres sanitaires. Face à cette hécatombe où les services de l’Etat ont été débordés, toute la doctrine doit être revue, la stratégie actuelle de biosécurité ayant échoué. J’ai donc demandé au ministre de l’Agriculture de revoir les protocoles et de considérer une limitation de la densité des élevages. Voici ma question écrite :

M. Guillaume Gontard interroge M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation sur l’épidémie de grippe aviaire dans les élevages industriels de volailles.

Depuis le début de l’année, une nouvelle vague de grippe aviaire H5N1 frappe les élevages français de volailles. L’ouest de la France, en particulier la Vendée, est très sévèrement touché. Afin de contenir drastiquement la flambée du virus et en raison du délai d’apparition des symptômes ou de l’existence de porteurs sains, les abattages vont bien au-delà des seules exploitations où des contaminations ont été repérées. Le protocole sanitaire implique donc d’éliminer tous les animaux dans les vingt kilomètres autour des exploitations touchées, ainsi que dans une zone « pare-feu » située entre la Loire-Atlantique et la Bretagne.
Dès lors, les abattages sont massifs. Selon la Confédération paysanne, plus de 10 millions d’animaux auraient déjà été abattus et les pertes financières atteindraient le milliard d’euros. Si la vaccination permettra peut-être à l’avenir d’éviter de tels désastres pour les animaux, la sécurité alimentaire et la santé humaine, une telle crise révèle plusieurs failles majeures dans le dispositif déployé face au H5N1.

D’abord, face à l’ampleur de l’épidémie actuelle, les services de l’État et les vétérinaires sont largement dépassés. De nombreux éleveurs témoignent d’un sentiment d’abandon et en sont réduits à des méthodes particulièrement cruelles, comme l’asphyxie de hangars entiers. Certains animaux survivent pourtant à cette procédure et doivent alors être abattus par d’autres méthodes par les éleveurs, d’où une profonde douleur psychologique pour ces derniers. Les services d’équarrissage étant eux aussi saturés, les cadavres d’animaux morts restent parfois jusqu’à deux semaines dans les exploitations. L’hyper-concentration de ces services dans l’Ouest entrave par ailleurs leur déploiement lorsque des épidémies surviennent dans d’autres zones.
Surtout, cette crise illustre à nouveau l’impasse de la stratégie actuelle de biosécurité, qui, de manière absurde, pointe du doigt les élevages de plein air en arguant qu’ils permettent la diffusion du virus via, par exemple, des oiseaux migrateurs. Or, la flambée des contaminations a bel et bien lieu dans des élevages intensifs, où la densité est considérable. Si des ventilations et des procédures d’hygiène existent, un hangar fermé reste évidemment un excellent foyer de contamination pour des virus comme le H5N1. Dès lors, les élevages intensifs, déjà synonymes de souffrance animale, sont aussi de véritables bombes sanitaires.

L’ampleur de cette catastrophe et l’impréparation manifeste des services de l’État appellent à des réponses fortes pour éviter que de tels désastres ne se reproduisent. Un rapport de l’agence nationale de nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), publié en juin 2021, pointait plusieurs pistes pour cela. L’agence estimait notamment que la biosécurité ne pouvait être l’unique ligne de défense et demandait la constitution d’un groupe d’intervention d’urgence spécialement formé pour intervenir en renfort en cas d’épizootie ou de zoonose. Surtout, l’agence pointait le caractère déterminant de la densité des élevages dans ces flambées épidémiques. Dès lors, des mesures fortes, comme la limitation du nombre d’animaux par mètre carré et par exploitation, ainsi que la limitation du transport d’animaux vivants (qui concerne particulièrement les animaux gavés) doivent être considérées.

Il l’interroge donc sur les actions que le Gouvernement entend déployer pour réviser les protocoles de biosécurité et renforcer les services disponibles en cas de nouvelle influenza. Plus spécifiquement, il lui demande de considérer une limitation de la densité des élevages, tant pour la sécurité sanitaire des animaux que pour leur bien-être, et de ne pas pénaliser les élevages de plein air, plus résilients.