Alors qu’une grande flottille de la liberté est en route en Méditerranée vers Gaza pour y apporter de l’aide humanitaire et briser le blocus israélien, avec plusieurs français à bord (dont des parlementaires), la France est restée silencieuse sur la protection à apporter à cette opération humanitaire. Pourtant, l’Espagne et l’Italie ont déjà annoncé l’envoi de navires sur place.
Avec la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale Cyrielle Chatelain et la secrétaire générale des Ecologistes Marine Tondelier, nous avons donc écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de déployer la Marine nationale française afin de pouvoir affréter de toute urgence l’aide humanitaire à Gaza. Vous trouverez noter courrier ci-dessous :
Monsieur le Président,
Nous vous alertons aujourd’hui sur les attaques répétées de l’armée israélienne entre le 23 et le 25 septembre 2025 sur plus de quatorze navires pacifiques faisant partie de la Global Sumud Flotilla et naviguant en direction de Gaza. Ces navires ont été attaqués dans les eaux internationales par l’armée israélienne à onze reprises depuis leur départ, mettant en danger les membres des équipages.
Partis de Tunisie, d’Espagne, d’Italie et de Grèce début septembre pour Gaza, ces navires transportent à bord plus de trois-cents personnes (médecins, parlementaires, acteurs et actrices, syndicalistes, militantes et militants…) issues de quarante-six pays différents, dont des ressortissants et ressortissantes français. Elles transportent avec elles des vivres et du matériel médical à destination de la population gazaouie, soumise à un blocus israélien illégal depuis 2009, et qui subit actuellement un génocide.
Ces attaques répétées, dans les eaux internationales, de navires pacifiques, transportant de l’aide humanitaire et battant pavillon de plusieurs pays d’Europe dont la France, est une violation grave du droit de la mer et du droit international humanitaire. Les menaces proférées par le ministre de la Défense israélienne à l’encontre des équipages sont inadmissibles.
Nous vous demandons de condamner ces actes en violation totale du droit international et d’exiger d’Israël l’arrêt du blocus de l’aide humanitaire et le respect du droit international.
La convention de Montego Bay sur le droit de la mer codifie la liberté de navigation en haute mer et rappelle que les navires sont sous la juridiction exclusive des États dont ils battent pavillon. Ces principes, coutumiers, s’appliquent à tous les États, même en l’absence de ratification de cette convention internationale.
Les navires composant la Global Sumud Flotilla ne se rendant pas coupables de piraterie ou de trafic illicite, et le blocus imposé à Gaza par l’État d’Israël étant contraire au droit international en raison de l’occupation illégale de Gaza, ces derniers doivent pouvoir circuler librement en eaux internationales et leur sécurité doit être garantie.
En application de la convention internationale de Genève, l’aide humanitaire doit être autorisée et facilitée, et l’entraver constitue un crime de guerre.
L’action de ces navires et de leurs équipages concoure en ce sens, en palliant l’inaction des États face au génocide en cours, génocide qui a été reconnu par la Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU sur le territoire palestinien occupé le 16 septembre dernier.
La reconnaissance par la France de l’État de Palestine devant les Nations-Unies le 22 septembre dernier doit s’accompagner d’actions fortes.
Nous vous demandons solennellement d’exiger et de permettre un passage sûr pour les navires de la Global Sumud Flotilla, afin qu’ils puissent poursuivre leur route vers Gaza. L’Espagne et l’Italie ont déjà annoncé l’envoi de navires sur place pour venir en soutien à ces navires.
Enfin, nous réitérons notre demande de déploiement de la Marine nationale française afin de pouvoir affréter de toute urgence l’aide humanitaire à Gaza.
La France doit enfin joindre la parole aux actes.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre haute considération.
Guillaume Gontard, Cyrielle Chatelain et Marine Tondelier
Crédit photo en une : Brahim Guedich (Wikimedia Commons)