Le 3 février dernier, je me suis rendu à l’Etablissement français du sang (EFS) de Grenoble (situé au CHU) suite à une demande des soignants et de la direction, inquiets pour la pérennité de leur structure et de l’organisation des collectes de sang, particulièrement désorganisées par la crise sanitaire. Ainsi, depuis la pandémie, les dons sont de plus en plus irréguliers, ce qui conduit périodiquement à des stocks de poches de sang particulièrement faibles, mettant en danger les patients.

Par ailleurs, les collectes de sang sont rendues d’autant plus compliquées par les faibles salaires des infirmières et des autres personnels, qui sont en sous-effectif. Une part importante des personnels n’a d’ailleurs toujours pas bénéficié des augmentations de salaires prévues par le Ségur de la santé (183€ nets mensuels supplémentaires). L’établissement français du sang fait également face à de grandes difficultés budgétaires car son modèle de financement n’est plus adapté à la nouvelle donne : les besoins en sang diminuent grâce aux progrès de la médecine, mais ceux de plasma augmentent pour développer de nouveaux médicaments innovants. Or, les dons de sang sont plutôt bien rémunérés par l’Assurance maladie, mais les collectes de plasma se font à perte. L’EFS a donc connu un déficit inédit de 40 millions d’euros en 2022 et le manque de financement pourrait atteindre les 100 millions d’euros cette année. L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) doit se pencher sur la situation et remettre un rapport à ce sujet en milieu d’année.

Les préconisations de ce rapport sont très attendues : un nouveau modèle de financement doit être trouvé pour garantir le modèle de fonctionnement de l’EFS, qui fait figure de modèle à l’échelle mondiale, comme le souligne notamment l’OMS. En effet, l’EFS fonctionne selon une éthique très forte : les dons sont anonymes et bénévoles, basés sur le volontariat et l’EFS est un établissement à but non-lucratif. Ce modèle est totalement différent de celui en vigueur dans d’autres pays, tels que les Etats-Unis ou l’Europe de l’Est, où les dons sont rémunérés. Si la France venait à adopter ce modèle concurrent, cela coûterait non seulement plus cher à l’Etat, mais cela conduirait aussi à ce que des personnes précaires vendent leur sang de manière trop fréquente pour accroître leurs revenus, mettant en danger leur santé.

Ainsi, j’ai rappelé la grande vigilance du groupe écologiste sur cette question et notre mobilisation depuis les accords Ségur pour que toutes les professions du secteur de la Santé bénéficient des revalorisations. Nous continuerons à suivre avec attention cette situation et notamment le rapport de l’IGAS, car nous sommes profondément attachés à l’éthique qui caractérise le don du sang. Enfin, j’ai bien sûr terminé cette visite en donnant mon sang, afin de contribuer modestement à la reconstitution des stocks.