Tout en saluant la ratification par la France du traité historique sur la protection de la biodiversité en haute-mer BBNJ, j’ai appelé le 5 novembre 2024 le Gouvernement à accorder l’asile à Paul Watson ! J’ai également demandé au Gouvernement de donner une réalité aux aires marines protégées françaises en y interdisant le chalutage de fond. J’ai enfin interpellé le ministre de la Mer de sur les révélations de l’ONG BLOOM, faisant état de sa volonté de réautoriser un chalutier – usine monstrueux de 145m de long. Nous faisons un pas important pour protéger la biodiversité dans les eaux internationales mais traînons des pieds pour avancer sur notre propre domaine public maritime…

Concernant le navire-usine Annelas Ilena, plus grand chalutier pélagique du monde, le ministre m’a cependant menti. Alors que le ministre m’a démenti le transfert de quota du navire vers la Pologne, un arrêté ministériel du 6 novembre prouve le contraire, comme l’a montré l’ONG Bloom. Ce mensonge est inacceptable, tout autant que cette décision désastreuse pour la biodiversité.

Merci Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Chers collègues,

« Même si vous n’avez jamais la chance de voir ou de toucher l’océan, il vous touche à chaque fois que vous respirez, à chaque goutte d’eau que vous buvez, à chaque bouchée que vous consommez. Tout le monde, partout, est inextricablement lié à l’existence de la mer et en dépend totalement. » Ainsi s’exprimait la formidable océanographe étatsunienne Sylvia Earle dans un, ouvrage dont le titre traduit en français dit tout de notre débat : « Le monde est bleu, notre destinée et celle de l’océan ne font qu’une. »

Malheureusement, 66 % des milieux marins sont détériorés par la pollution, par la surpêche et par l’acidification induite par le réchauffement climatique.

Malheureusement 1/3 des récifs coraliens, 1/3 des mammifères marins, 40 % et amphibiens et 27 % des crustacés sont directement menacés et avec eu toute la chaine alimentaire planétaire.

Protéger nos océans n’est pas une œuvre philanthropique, c’est une condition sine qua none de notre survie en tant qu’espèce.

Aussi, nous accueillons avec soulagement le traité des Nations unies sur la biodiversité en haute-mer qui est soumis à la ratification de notre assemblée. Nous remercions le groupe socialiste d’avoir permis cet échange sur ce traité historique.

Nous pouvons mettre au crédit du président de la République et de la présidence française de l’Union européenne cet accouchement de près de 20 ans de négociations internationales pour doter les eaux internationales d’un cadre juridique solide et protecteur de la biodiversité.

Je ne reviens pas sur tout ce qui a été présenté avant moi, mais je salue la possibilité qu’offre cet accord de créer des aires marines protégées en haute mer. La future conférence des parties qui sera chargée de donner vie à ce traité pourra, en coordination avec les autres autorités internationales relatives à la navigation, à la pêche et à l’activité minière, y encadrer fortement les activités humaines.

Ceci est d’autant plus intéressant que le consensus ne sera pas toujours la règle pour trouver un accord, la majorité qualifiée pourra s’y substituer.

Nous approuvons les autres piliers de l’accord qu’il s’agisse :

– Le renforcement des études d’impact environnemental

– Le partage des données génétiques extraites de l’océan pour limiter les prélèvements

– Le partage de technologie entre le Nord et le Sud

Nous voterons naturellement en faveur de ce traité et souhaitons sa ratification et donc son entrée en vigueur la plus rapide possible et comptons pour ce faire sur notre diplomatie.

Pour finir sur une note plus exigeante, au-delà ce de succès diplomatique incontestable, nous appelons le Gouvernement à passer aux actes. La France métropolitaine protège moins de 0,1% de ses eaux selon les critères scientifiques internationaux. Or, cette incapacité à suivre les recommandations scientifiques a des conséquences très concrètes : des méthodes de pêche destructrice ont lieu dans 86 % des aires maritimes européennes protégées.

La Grèce et la Suède ont annoncé l’interdiction du chalutage de fond toutes leurs aires marines protégées d’ici 2030. La France doit impérativement suivre cet exemple. Elle doit également interdire aux navires usines de venir ravager ses côtes, mettant sur la paille notre pêche artisanale. Elle doit préparer la transition écologique et sociale du secteur de la pêche.

Monsieur le Ministre, alors que le Gouvernement avait pris position en mai dernier contre le plus grand chalutier pélagique du monde, l’Annelies Ilena, 145 mètres de long, des ONG annoncent que vous seriez en train d’œuvrer pour que ce navire-usine monstrueux puisse finalement recevoir le quota de pêche français. Pourriez-vous rassurer la représentation nationale, nos pêcheurs et nos concitoyens attachés à la protection de biodiversité pour qui une telle décision est aussi incompréhensible qu’indéfendable ?

Enfin ce propos sur la défense de la biodiversité marine ne serait pas complet sans un mot pour l’un de ses plus grands défenseurs : nous vous demandons d’accorder l’asile politique et nationalité française à Paul Watson ! La place d’un défenseur des baleines n’est pas en prison.

Crédits photo : Capitaine Paul Watson, copyright : Giles Lane