Embargo contre les hydrocarbures russes, retards de déploiement des ENR, parc nucléaire en grande partie à l’arrêt, prix qui s’envolent… Alors que la France et l’Europe font face à une crise énergétique sans précédent, j’ai participé à un « café citoyen » autour des enjeux énergétiques actuels organisé par les jeunes de la NUPES Isère, à Grenoble. J’ai notamment eu le plaisir de discuter avec Alan Confesson, conseiller municipal de Grenoble et président de la Compagnie de chauffage (qui produira bientôt 100% de son énergie grâce à des sources renouvelables) et Philippe André, syndicaliste EDF chez Sud-Energie. Ces échanges avec une salle comble ont permis de s’emparer d’un thème crucial pour notre avenir.

L’heure est en effet grave. A la hausse des prix de l’énergie se rajoute désormais la menace de coupures de courant cet hiver. Pour l’heure, la seule mesure décidée par le gouvernement est un « bouclier tarifaire » qui, s’il protège plutôt bien les particuliers, laisse les entreprises et les collectivités à la merci du marché. Or, ce marché de l’énergie est une hérésie : les consommateurs, quels qu’ils soient, ont besoin de visibilité sur leurs factures et d’une énergie en quantité suffisante. Les producteurs d’énergie doivent eux financer des installations qui ne sont amorties qu’à moyen-terme, avec des coûts très importants. Tout le monde a donc intérêt à ce qu’il y ait des tarifs relativement stables ! La création d’un marché de l’électricité s’est donc faite en dépis du bon sens : au lieu d’avoir un opérateur unique, nous avons permis à toutes sortes d’entreprises d’acheter et de revendre de l’électricité, alors que bon nombre n’en produisent pas ! Le système absurde de l’ARENH a ruiné EDF, qui doit pourtant faire face à d’importants investissements pour l’entretien du parc nucléaire, la construction d’éoliennes, de centrales solaires et autres énergies, ainsi que l’entretien et le renouvellement du réseau de distribution. En parallèle, les factures des ménages, des entreprises et des administrations publiques ont explosé, pour le seul profit des spéculateurs de ce nouveau marché.

Après ce constat implacable, la solution est évidente : l’énergie, bien commun indispensable à notre vie moderne, doit revenir sous le giron public. Si l’Etat a certes racheté les parts manquantes d’EDF pour posséder à nouveau l’entreprise à 100%, il n’entend pour l’instant pas abroger le statut de société anonyme et n’a toujours pas confirmé l’abandon du « projet Hercule », qui prévoit la vente à la découpe de ce fleuron industriel. L’an dernier, nous avions proposé au Sénat de renationaliser les barrages hydroélectriques en créant une quasi-régie, un système compatible avec les traités européens. Cette proposition de loi avait malheureusement été rejeté. Nous ne manquerons pas de nous saisir des prochaines occasions pour porter à nouveau ce combat, aux côtés des salariés d’EDF, des élus locaux et de tous les usagers excédés de voir le système électrique s’effondrer alors que les factures augmentent.