Le 17 octobre, dans le cadre de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat, j’ai auditionné l’ambassadeur d’Israël en France, M. Raphaël Morav, avec mes collègues de la commission. Je lui ai tout d’abord renouvelé notre plein soutien au peuple juif face aux attaques terroristes du Hamas, avec une pensée particulière pour les victimes, les otages et leurs familles.
Je l’ai également mis en garde contre la tentation d’une nouvelle « guerre contre la terreur » qui conduirait très probablement au renforcement des mouvements les plus extrémistes, dont le Hamas. J’ai également souligné la nécessité d’un cessez-le-feu rapide pour éviter que les pertes civiles continuent à s’accumuler et l’ai questionné sur les conditions qui seraient nécessaires pour que les armes se taisent et qu’un dialogue politique reprenne avec les organisations palestiniennes. Le cessez-le-feu et une solution politique à deux Etats doivent rester le cap de la France, qui ne peut appuyer une punition collective de tous les habitants de la bande de Gaza.
Voici ci-dessous la vidéo de mon intervention et la réponse de l’ambassadeur, ainsi que le texte de ma question :
Question à l’ambassadeur d’Israël en France, son excellence Raphaël Morav
Monsieur l’ambassadeur,
A mon tour et comme j’ai pu l’exprimer en séance publique mercredi dernier, je tiens au nom du groupe écologiste que je préside à vous témoigner toute notre solidarité face à l’épreuve sans précédent qui afflige Israël et son peuple. Nous sommes profondément attachés à la sécurité d’Israël et du peuple juif, ébranlé le 7 octobre par les attaques abominables conduites par le Hamas. Pour garantir cette sécurité, votre Gouvernement a choisi une forme de réponse extrêmement forte, qui a déjà fait plusieurs milliers de victimes et qui devrait conduire prochainement à une opération militaire terrestre dans la bande de Gaza.
Je ne vous cache pas que ce choix interroge, car des milliers de vies sont en jeu. Des vies de civils palestiniens, femmes, enfants, vieillards, des vies de soldats israéliens et de réservistes dans des proportions qui dépendront de l’ampleur de vos objectifs militaires que nous ne pouvez pas nous détailler ici, nous le comprenons bien.
Ce choix nous interroge aussi, car nous portons la conviction profonde qu’une nouvelle guerre contre « la terreur » ne résoudra rien. L’histoire des dernières décennies nous a montré que les démocraties et les armées régulières ne peuvent pas gagner ces guerres, pas même la plus grande armée du monde. Depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, les opérations militaires dans la bande de Gaza interviennent régulièrement – « Plomb durci » en 2008, « Piliers de défense » en 2012, « Bordure protectrice » en 2014 et désormais « Glaive de fer – et ne change pas grand-chose. Tel l’hydre dont les têtes repoussent, si le Hamas est temporairement affaibli, il en ressort à terme nourri par la haine et renforcé. Éradiquer la menace semble illusoire, tout comme s’en prémunir totalement car aucun système de défense n’est infaillible.
Monsieur l’ambassadeur, j’ai plusieurs questions :
- Votre Gouvernement à fait le choix de la réponse armée, jusqu’où ?
- Est-il possible de combattre le Hamas sans imposer une punition collective insoutenable au peuple palestinien ?
- Pouvons-nous espérer un cessez-le feu ?
- Nous considérons que seule une solution politique à deux Etats peut garantir la sécurité d’Israël. Le Gouvernement que vous représentez partage-t-il cette opinion ?
- Avec quel interlocuteur Israël peut-il construire la paix ?
- Comment renforcer l’Autorité palestinienne pour contrer le Hamas ?