Après le texte sur les énergies renouvelables, le Sénat, puis l’Assemblée, se sont prononcés pour une relance du nucléaire, avec la construction de nouveaux réacteurs. Ce choix du développement du nucléaire est regrettable à plusieurs titres : d’abord, car la technologie EPR (retenue pour les futurs réacteurs) n’est toujours pas au point et enchaîne les retards, les explosions de coûts et les problèmes techniques. Ensuite car le recours massif à la sous-traitance, qui affaiblit la filière nucléaire, n’a pas été abordé durant ces débats, alors qu’il s’agit d’un problème fondamental. Enfin, plus généralement, car le choix du futur mix énergétique français se fait dans la plus grande opacité. La loi de programmation énergétique n’est en effet pas encore votée, mais cela n’empêche pas le gouvernement et la droite sénatoriale de supprimer le plafond de production de 50% de nucléaire dans la production électrique totale.
Cette méthode de discussion est particulièrement grave, alors que les choix énergétiques sont absolument déterminants pour notre avenir et que de telles décisions nécessitent un vrai débat de société, qui n’a pas eu lieu. Le gouvernement prend des décisions dans la précipitation, sans consulter les Français. Pour ces raisons, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, que j’ai l’honneur de présider, a décidé de voter contre ce texte.
De même, la tentative de fusion de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et de l’Agence de Sûreté du Nucléaire (ASN), introduite au dernier moment à l’Assemblée nationale alors qu’elle ne figurait pas dans le texte du Sénat, a soulevé beaucoup d’inquiétudes, y compris chez les partisans du nucléaire. Ces deux agences ont en effet des rôles certes complémentaires, mais leur bon fonctionnement dépend de leur indépendance réciproque : on ne peut pas imaginer que les scientifiques qui évaluent les risques radioactifs soient sous la tutelle de l’agence qui prend les décisions de fonctionnement ou de maintenance des centrales. Heureusement, cette fusion a finalement échouée grâce à la mobilisation des députés. Elle traduit néanmoins à nouveau un choix de l’opacité, que je regrette car la confiance dans nos choix énergétiques ne peut se construire que sur la transparence.