La semaine dernière, à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, le Premier ministre (PM) nous proposait un discours de politique générale et sollicitait la confiance du Parlement. La démarche est curieuse considérant qu’il ne change ni de Gouvernement, ni de politique. Loin de « l’acte 2 » annoncé, ce n’est même même pas un acte 1 bis : on prend les mêmes et on recommence comme si de rien n’était (et surtout pas gilets jaunes). Le PM sollicite la confiance par pure stratégie politicienne : pour tenter de disloquer la droite (avec, il est vrai, un certain succès surtout au Sénat). Ce n’est pas à la hauteur des enjeux auxquels le pays doit faire face…

Surtout qu’il n’annonce à peu près rien de nouveau et nous ressert son bilan accompagné d’un catalogue de mesures déjà annoncées (à part la baisse de l’impôt sur le revenu)… Il tente timidement de rassurer sa gauche avec un discours un peu plus écolo, la PMA et le chômage pour les démissionnaires, mais tout cela reste dans le cadre des promesses présidentielles de Macron.
En Marche, rien de nouveau…

            Un léger verdissement d’apparat :

Le PM a choisi d’évoquer la question écologique en 1er chef. On sent bien que les européennes sont passés par là. Mais il n’est nullement convaincant en la matière. Il précise qu’il a « mis du temps à considérer que les enjeux [écologiques] sont aussi importants que l’emploi et la sécurité ». Il y’a encore du chemin… D’autant qu’il fait une ode à la croissance verte, cette chimère des libéraux qui nous font croire qu’on va continuer à créer de la richesse infinie dans un monde fini.

Le PM a mentionné la « convention citoyenne de la transition énergétique », par laquelle il se décharge de sa responsabilité politique sur des anonymes tirés au sort et il repousse ainsi toutes les décisions à 2020 alors que nous examinons cette année la loi d’orientation des mobilités (LOM) le projet de loi énergie, le projet de loi gaspillage et que tout cela est tout à fait insuffisant.
Je ne prendrai qu’un exemple, le Premier ministre nous explique qu’il va remettre à plat les aides pour la rénovation énergétique mais sans aucun financement nouveau. Comme d’habitude avec ce Gouvernement, on cherche à réparer la tuyauterie administrative alors que de toute façon l’arrivée d’eau est condamnée… Comble de l’hypocrisie, lors du dernier budget le Gouvernement a même baissé de 130 millions d’euros le budget de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) qui s’occupe de la rénovation énergétique…

Tout cela ne relève que de la poudre aux yeux et des effets de manche. Pas un mot sur la restructuration d’EDF et l’ouverture à la concurrence des barrages, pas un mot sur la lutte contre les pesticides, pas un mot pour nos forêts qu’on vend à la découpe, pas un mot sur la biodiversité qui disparaît…

          La casse sociale continue :

L’annonce est faite : l’âge légal de départ à retraite va être repoussé sans être repoussé… Le premier ministre, qui ne s’assume pas, nous entourloupe en inventant une décote sur les retraites avant un âge « pivot » à déterminer. Il n’ y a que peu de doute sur le fait que cela forcera les gens à travailler jusqu’à 64 ou 65 ans pour avoir une retraite pleine. Le manque de courage est total, pour éviter un mouvement social massif, le Gouvernement avance masqué. ll profitera également de cette réforme pour supprimer les 42 régimes spéciaux de retraite, autant d’acquis sociaux pour des millions de travailleurs qui risquent de partir en fumée.

On n’est pas plus rassuré par la réforme de l’assurance chômage qui nous promet une baisse des indemnités et un raccourcissement de la durée d’indemnisation. La promesse d’ouvrir l’assurance chômage aux démissionnaires et aux indépendants ne nous rassurera pas, d’autant que le Gouvernement n’a jamais fait preuve d’excès de zèle pour tenir les rares promesses sociales du président…

         Baisse d’impôts :

Le Premier ministre sort de son chapeau une seule surprise : la baisse de la 1ere tranche d’impôt sur le revenu. Sur le papier, ça peut sembler une bonne mesure pour les classes moyennes, mais en fait pas tant que ça. D’abord c’est une mesure qui concerne tous ceux qui paient l’impôt sur le revenu, les plus riches également. Sachant que seule la moitié de Français les plus aisés paient l’impôt sur le revenu, sachant que cette baisse va être financée par une diminution de la dépense publique, donc un affaiblissement des services publics et des prestations sociales, c’est donc la moitié des Françaises et des Français les moins aisés qui pâtira de cette mesure, en fait profondément inégalitaire. Pour la redistribution des richesses on attendra. Le Premier ministre a d’ailleurs oublié de prononcer les mots « gilets » et « jaunes », confirmant son discours complètement hors-sol, comme s’il ne s’était rien passé ces 6 derniers mois…

         Et sinon:

Il nous annonce aussi un débat annuel sur les quotas migratoires… Personne n’en a parlé pendant le grand débat, mais le Gouvernement court derrière le FN. Il voudrait agiter l’épouvantail lepéniste pour 2022, il ne s’y prendrait pas autrement. Une mesure extrêmement dangereuse…

Pour l’école on déshabille Paul pour habiller Jacques avec des baisses d’effectifs de classe, sans recrutement d’enseignants…

Quelques bonnes intentions tout de même avec l’ouverture de la PMA, la réforme de la dépendance et celle de la haute – fonction publique, mais en bon chat échaudé craignant l’eau froide, on attendra pour voir…

Rien pour l’hôpital, alors que nos services d’urgences sont au bord de la rupture, pas grand chose sur la démocratie et certainement pas sur la consultation pour Aéroport de Paris (ADP), pas grand chose non plus pour les territoires même si s’annonce une loi pour l’engagement local aux contours flous.

Le compte n’y est définitivement pas et j’ai logiquement voté contre la confiance au Gouvernement.

Aujourd’hui est un jour particulier, car tous les citoyens peuvent en faire de même en signant la pétition pour demander un référendum sur ADP ! Ne vous privez pas  : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1