Le 6 mai dernier, le président de la République annonçait une série de mesures en faveur des arts et de la culture, grands oubliés de la crise sanitaire et pourtant durement impactés.  

Si le Gouvernement a pris des mesures d’urgence pour soutenir  les entreprises face à l’arrêt brutal de leurs activités, force est de constater que l’ambition pour le secteur culturel, pourtant au cœur de notre modèle économique et social, n’est pas au rendez-vous. Quand ce dernier représente pourtant 3,2% du PIB français, et 1,3 millions d’emplois,  soit le double de l’industrie automobile. 

Certes, la décision de prolongation des droits des intermittents jusqu’à août 2021, était indispensable et très attendue par la profession mais elle ne parviendra pas pour autant à combler les dégâts provoqués par la crise et à donner les moyens nécessaires au secteur culturel pour prendre toute sa place dans la reconstruction du monde de demain.

A l’heure où chaque secteur d’activité voudra mettre ses priorités à l’agenda, budgétaires notamment, nous devons nous doter d’un plan ambitieux et stratégique pour le secteur culturel et préserver ainsi sa qualité qui tient entre autres à son indépendance et sa diversité.

Les acteurs culturels ont besoin de visibilité et d’anticipation, essentielles à la nécessité de programmation qui est au coeur de leur fonctionnement.

L’ensemble des lieux culturels sont restés fermés depuis le confinement et certains se préparent à une réouverture progressive à compter du 11 mai.

Conditionnée à une série de mesures sanitaires souvent irréalisables et incompatibles avec certaines pratiques artistiques, cette reprise sera impossible pour certains et les conséquences pour le secteur culturel ne s’achèveront pas le 11 mai.

Ces lieux, qui sont aujourd’hui appelés par le président de la République à « faire preuve de bon sens et d’innovation» et à « réinventer leur rapport au public », apprécieront ces injonctions.

Par ailleurs, les rassemblements continueront à être interdits, augmentant encore le nombre évènements culturels annulés :  4000 depuis le début du confinement dont 2640 festivals.  Soit 26,45 millions d’entrées sur la période, un manque à gagner estimé entre 2,34 milliards à 5,83 milliards d’euros.

Les processus de création et  d’innovation ont toujours été au cœur du fonctionnement des structures culturelles, nous pouvons donc imaginer qu’elles  puissent se réinventer dès lors que les moyens leur en sont donnés et qu’elles soient associées pour trouver des solutions adaptées à l’accueil du public notamment.

Ce plan pour la culture, que j’appelle de mes vœux, doit impérativement inclure les collectivités territoriales en tant que partenaires et financeurs.  Acteurs essentiels de la vie culturelle dans les territoires, les collectivités locales ont un rôle majeur. Il sera d’autant plus important que les besoins sociaux, d’expression de libertés et de ré-appropriation de l’espace public seront grands en sortie de confinement.

Dans les territoires les plus fragilisés,  la culture dite « de proximité » qui prend vie en atelier théâtral ou de danse, lors de séances de lectures publiques ou au cours de projections itinérantes devront être préservés et amplifiés.

Pour reconstruire, inventer et créer le monde d’après, nous aurons besoin d’imaginaire, d’universalité et de sensible, la culture aura alors tout son rôle à jouer. 

Le confinement a bridé la culture et amplifié des fractures sociales déjà existantes. Pour éviter de creuser davantage ce fossé, il est urgent d’ouvrir grand les portes de la création, de partager spectacles et lectures, de danser et revivre enfin.