Le 20 janvier 2025, j’ai participé à un colloque organisé par ma collègue Mathilde Ollivier, membre du groupe écologiste du Sénat, autour des Jeux Olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises et de la transition en montagne. Alors que les Alpes françaises se réchauffent deux fois plus vite que le reste du territoire et qu’un mois de couverture neigeuse a déjà été perdu depuis 50 ans, l’organisation de cette compétition sportive pose de grands enjeux écologiques, mais aussi économiques.

L’aspect économique a fait l’objet d’une première table ronde introduite par mon collègue Thomas Dossus, membre de la commission des finances. L’organisation de ces JO d’hiver, déjà chiffrée à 3 milliards d’euros, risque de nous coûter encore pus cher que prévu, alors même que notre pays traverse une période de difficultés financières. Les exemples des éditions précédentes des JO d’hiver organisés en France, à Grenoble en 1968 et à Albertville en 1992, illustrent l’héritage financier très lourd des Jeux, ces deux communes ayant mis des décennies à rembourser les emprunts liés à ces Jeux.

Ainsi, organiser ces Jeux pose de vrais enjeux démocratiques. Pourtant, la constitution du dossier de candidature par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, en catimini, sans débat public préalable et avec une attribution des Jeux par le CIO par défaut, en l’absence d’autres candidatures, pose de graves problèmes démocratiques. A de nombreuses reprises, nous avons demandé davantage de débat sur ces jeux, à la fois dans les Conseils régionaux, au Parlement, mais aussi directement de la part des citoyens, par un éventuel référendum.

Par la suite, j’ai introduit une seconde table ronde, portant plus spécifiquement sur la nécessité de la transition de nos montagnes. En effet, le choix du « tout-ski » depuis les années 1960 et les « plans neige » ont rendu nos territoires de montagne extrêmement dépendants de l’économie touristique sur quelques mois seulement, au détriment de toutes les autres activités. Si ce développement touristique a certes pu apporter la prospérité à certaines communes, l’accélération du changement climatique met aujourd’hui en péril ce modèle. En Isère, les exemples de l’Alpe du Grand Serre et de Gresse-en-Vercors illustrent tragiquement la crise profonde auquelle font face nos stations lorsque rien n’a été préparé pour la suite.

Par ailleurs, le développement touristique à marche forcée a aussi des effets néfastes. Sur l’environnement d’abord, avec la bétonisation de territoires magnifiques et de fortes émissions liées au transport en avion et en voiture. Sur les habitants de nos montagnes ensuite, avec un coût du logement qui est souvent hors de prix, alors même que la plupart des lits sont « froids », c’est-à-dire occupés seulement quelques semaines par an. Enfin, la question des saisonniers, et de leur difficultés de logement et de niveau de vie, ne peut être écartée, car ce sont eux qui assurent la réussite d’une saison touristique.

Lors de cette seconde table ronde, nous avons donc esquissé de nouvelles possibilités pour accélérer la transition de nos montagnes. D’une part, des moyens financiers doivent être mis à disposition des collectivités pour financer de nouvelles activités. Tel est d’ailleurs l’esprit de l’amendement pour un fonds de péréquation à destination des petites stations financé par les recettes des remontées mécaniques des grandes stations, que nous avons déposé cette année dans le budget (mais qui a été rejeté). Nous avons aussi évoqué divers projets concrets mis en oeuvre par d’anciennes stations pour se reconvertir. La Présidente de l’association Moutain Wilderness, Fiona Mille, a d’ailleurs annoncé le lancement d’une consultation de son association pour faire remonter les projets locaux de transition qui pourraient être financés avec les 3 milliards d’euros prévus pour les JO.