Une part du travail de parlementaire consiste aussi à prendre des initiatives pour faire évoluer les mentalités et les législations sur des sujets majeurs. Depuis 2017, j’ai ainsi travaillé avec de nombreux acteurs sur les questions liées à l’évolution des méthodes de construction et aux représentations de la ruralité, en général et dans la pensée écologique en particulier. Au cours de l’automne 2023, j’ai eu l’occasion de poursuivre ces réflexions dans le cadre de deux colloques organisés au Sénat avec mon collègue Daniel Salmon.

Ainsi, nous avons reçu le 6 novembre dernier les acteurs des matériaux bio-sourcés – dont le chanvre – et de la filière bois pour un colloque consacré à l’émergence de véritables filières industrielles dans ce domaine. Alors que l’urgence climatique se matérialise chaque jour un peu plus, changer nos matériaux et nos méthodes de construction devient de plus en plus une priorité. Si ces matériaux sont désormais connus – bois, paille, chanvre… – ils restent encore peu utilisés, notamment en raison de leur coût et d’une habitude des acteurs du bâtiment à recourir au béton et à l’acier. 

Durant différentes tables rondes, nous avons donc réuni de nombreux acteurs de la construction et des différentes filières pour faire le point sur le développement de l’usage de ces matériaux, encouragés notamment par la RE2020 (norme de construction pour les bâtiments neufs). Nous avons aussi échangé sur les moyens de massifier ces filières pour les rendre plus compétitives, notamment en développant la “construction hors-site”, c’est-à-dire le préfabriqué. Cela nous a permis d’esquisser des pistes pour mieux soutenir ces filières bas carbone et sources d’emplois locaux. Pour en savoir plus, vous pouvez notamment visionner mon intervention de clôture du colloque.

Le 8 décembre dernier, nous avons organisé un autre colloque, consacré cette fois au réaménagement du territoire, afin de rééquilibrer les liens entre métropoles, territoires périurbains et ruralités. Si l’impératif de désengorger les métropoles est désormais largement partagé, les moyens pour y parvenir sont moins clairs. De même, l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) inscrit dans la loi invite à repenser notre façon d’aménager l’espace, en privilégiant une certaine densité et la requalification de friches, parkings et autres terrains délaissés plutôt que la bétonisation de terres agricoles et d’espaces naturels.

En lien avec des géographes, des chercheurs en science politiques et des intellectuels, nous avons donc réfléchi à ces questions, ainsi qu’à la façon de construire de nouveaux imaginaires autour des espaces périurbains et ruraux. Si un certain engouement s’est constaté durant la période Covid pour ces territoires de la part de populations souhaitant quitter les métropoles, ce phénomène reste limité à certaines catégories sociales et concentré sur des territoires déjà attractifs (littoraux, espaces ruraux reconnus pour leur cadre naturel). Enfin, nous avons aussi beaucoup débattu des mobilités dans le périurbain et dans les campagnes, qui restent largement dominées par la voiture individuelle. De meilleures dessertes en transports en commun, tout comme le développement de l’autopartage et du cyclisme, sont indispensables pour rendre ces territoires plus attractifs.

Autant de questions que nous continuerons à creuser au cours des prochaines années, à la fois au Sénat et dans différentes instances.