Le 21 juin dernier, je me suis rendu à l’inauguration de l’éco-hameau des sablières à La Mure (Isère), qui accueillera prochainement 150 à 200 habitants. Un très beau éco-quartier à taille humaine, réalisé avec des matériaux bio-sourcés locaux, notamment du bois des Alpes et du miscanthus local, qui propose aussi plusieurs espaces communs pour que les habitants se retrouvent, ainsi qu’une production maraîchère locale. Bref, l’écologie concrète dont nous avons besoin !
Au-delà de cette réalisation, c’est tout le travail de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) AtticorA, qui a fait aboutir ce projet, que je tiens à saluer. Le pari de cette SCIC et de son fondateur Fabien Morel, est en effet novateur sur de nombreux points. D’abord, car il mise depuis le départ sur la renaissance de filières locales, en se fournissant à proximité pour les matériaux plutôt qu’en les important de l’autre bout du monde. Cela passe notamment par le rachat et la modernisation d’une scierie située à Goncelin (Grésivaudan).
Ensuite, parce que la propriété privée est remplacée par un droit d’usage par les occupants. Concrètement, ces derniers achètent, sous forme de mensualités, des parts sociales dans la Scic à hauteur de la valeur du bien, ce qui, en complément d’une partie loyer, leur donne le droit de l’utiliser. Ce mode de fonctionnement novateur permet à la fois un investissement plus faible pour les occupants comparé à une acquisition immobilière classique, mais aussi aux collectivités de prendre des parts dans la société pour soutenir une économie locale et la construction de logements durables.

C’est sur ce dernier point que la SCIC est également novatrice : en permettant de mutualiser trois types d’investissements (celui des collectivités, de particuliers épargnants et d’investisseurs privés), cette société met des fonds de divers origines au service du développement du territoire. Le fait que les collectivités prennent des parts au sein de la société leur permet également de conserver un pouvoir de décision et d’en faire un partenaire de leurs projets urbains, plutôt que de dépendre de promoteurs privés uniquement motivés par le profit. Ainsi, la commune de la Mure est déjà actionnaire de la société, et les intercommunalités du Grésivaudan, de la Matheysine et la métropole Grenoble Alpes ont annoncé rejoindre le projet prochainement.
Pour autant, beaucoup reste à faire pour soutenir ce modèle novateur et exemplaire de construction, d’occupation des logements et de relocalisation économique. Ainsi, depuis plusieurs années, la SCIC AtticorA et sa jumelle Silvae – qui gère la scierie – ont fait appel à la Caisse des Dépôts et à la Banque Publique d’Investissement (BPI France) pour obtenir des subventions. Malgré le fait que ces deux sociétés remplissent tous les critères requis, cela leur a été refusé en raison du fait qu’elles ne font pas appel à des banques privées… Une aberration sur laquelle j’ai alerté à plusieurs reprises les directeurs de ces deux institutions, ainsi que les ministres Olivia Grégoire, Roland Lescure et Bruno Le Maire. Malgré divers relances depuis plusieurs années, aucune réforme permettant de davantage soutenir les SCIC et autres sociétés de l’économie sociale et solidaire (ESS) n’a été mise en place.
Je continuerai donc ce travail d’interpellation et me saisirai de toutes les occasions pour faire avancer ces questions. Je réfléchis ainsi à demander un rapport à la délégation aux entreprises du Sénat, dont je suis membre. D’ici là, nous aurons, j’espère, le plaisir de voir fleurir d’autres éco-hameaux : après trois projets déjà réalisés (à Nantes-en-Rattier, Herbeys et maintenant La Mure), deux autres sont prévus, à Meylan et dans le Grésivaudan. Un travail que je continuerai à suivre avec attention.